" Le réalisateur, trois de ses comédiens et les producteurs qui étaient présents à la projection, ont été acclamés par une salle entièrement debout. La présence de ce film à Cannes est un événement en soi, comme l'a précisé l'un des responsables de cette compétition parallèle : c'est le commandant Massoud lui-même qui, lors de son dernier voyage en France a apporté sous le bras l'ouvrage éponyme de son compatriote.


L'écrivain s'est attelé à la tâche périlleuse d'adapter son roman à l'écran. Il en a tiré une oeuvre délicate, minérale, rendant la poussière afghane presque tactile, et ses déserts dramatiquement beaux, sans rien atténuer de la tragédie afghane. Au contraire presque. Pendant les bombardements américains sur l'Afghanistan, un vieil homme, Dastaguir, entraîne son petit fils Yacine dans une expédition désespérée au bord d'une route perdue. Après la mort de tous les membres de la famille, ils doivent aller trouver Mourad, fils de l'un et père de l'autre, qui travaille dans une mine isolée.

Le grand-père hésite. Eperdu de chagrin, perturbé par ses morts qui le poursuivent lors d'hallucinations brumeuses, il répugne à aller briser le coeur de son fils. Il demande conseil aux quelques hommes qui l'entourent. De son côté, l'enfant s'évertue à comprendre ce qui a pu changer en lui et autour de lui depuis que les bombes sont tombés.


La souffrance du vieillard et de ce tout petit garçon est filmée avec une sobriété majestueuse. Et la meurtrissure des âmes rejoint celle de la terre. Grave mais saisissant, Terre et cendres a manifestement marqué en profondeur le public cannois, majoritairement constitué de journalistes lors de cette projection. De quoi donner de bons espoirs à Atiq Rahimi en course dans la catégorie Un certain regard et pour la caméra d'or.


Avec Abdul Ghani, Jawan Mard Homayoun, Walli Tallosh, Chahverdi Guilda
Scénario : Atiq Rahimi, Kambozia Partovi
Photo : Eric Guichard
Musique : Khaled Arman, Francesco Russo
Production : Les Films du Lendemain


Dastaguir est assis sur le bas côté de la route, son jeune petit-fils, Yassin, à ses côtés. Un paysage afghan désolé se déploie autour de lui. Ce chemin conduit à une lointaine mine, destination redoutée et pourtant ultime de Dastaguir. Il a entrepris ce voyage à contrec¿ur pour voir son fils, le père du petit, qui travaille à la mine. Il doit lui annoncer que leur village a été bombardé et toute leur famille tuée. C'est une lourde tâche pour le vieil homme qui est déchiré entre sa propre peine, son insupportable solitude et les codes de l'honneur si profondément encrés dans l'esprit afghan. En même temps qu'il lutte avec tant d'émotions conflictuelles, Dastaguir croise différents étrangers sur sa route : un gardien mal luné dans sa guérite, un marchand philosophe, une mystérieuse femme voilée qui ne cesse d'attendre, et d'autres victimes de cette guerre innommable qui continue ailleurs, hors champ."


Par Samuel Douhaire




Durée : 1h 43mn - Afghanistan - 2004

PRIX DU REGARD VERS L.AVENIR
KHÂKESTAR-O-KÂK (Terre et cendres) réalisé par Atiq RAHIMI

CANNES 2004 - SÉLECTION OFFICIELLE UN CERTAIN REGARD
Réalisateur : Atiq Rahimi