Dès l'époque des pharaons, le couloir de circulation que représente le Nil met l'espace égypto-méditerranéen en contact avec l'Afrique noire. Au carrefour de ces deux aires culturelles, la Nubie - l'actuel Soudan - bénéficie de toutes les richesses sur lesquelles se fonde la suprématie de l'Égypte (or, esclaves, ivoire, ébène, plumes d'autruche...). À partir du IIIe siècle avant J.-C., le royaume établi autour de la capitale nubienne, Méroé, acquiert une grande influence. Pendant près de sept siècles, une civilisation brillante et ouverte sur le monde prospère en Nubie. Les femmes y jouent un rôle de premier plan et plusieurs accèdent au pouvoir sous le titre de candace. Lorsque l'Égypte est occupée par les Romains, en 33 avant J.-C., la candace Amanishakhéto refuse de se soumettre. Plusieurs années durant, le royaume de Méroé harcèle les légions romaines, qui finissent néanmoins par l'emporter. Grâce au traité conclu par Amanishakhéto avec l'empereur Auguste, le royaume vit encore plus de deux cents ans, avant de s'éteindre dans des conditions encore mal connues. L'un des obstacles à l'étude de l'histoire de la civilisation de Méroé est le déchiffrement de l'écriture méroïtique, l'une des énigmes les plus difficiles que nous ait léguées l'Antiquité. Pourtant, peu à peu, les travaux des archéologues et des historiens révèlent l'importance de la société matriarcale de Méroé.