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Emmanuel Goujon, originaire de la Martinique et né à Paris, est issu d'une double culture. Diplômé de l'Institut des études politiques, il est journaliste par passion et se déplace plus particulièrement là où les médias français sont peu présents.
D'abord freelance pour plusieurs médias (Marchés tropicaux, RFI, RFO-AITV), ses pérégrinations le conduiront en Angola où il dé couvre les ravages de la guerre. Il se rend au Cabinda, en Érythrée, en Éthiopie, au Mexique, en Amérique centrale, puis, plus proches des Caraïbes, à Belize, au Guatemala, à Cuba, ainsi qu'à New York et Washington. Il reste particulièrement attaché au Mexique et à l'Éthiopie.
En 1998, l'Agence France Presse lui propose de prendre le poste de correspondant pour la région des Grands Lacs basé à Kigali. Il accepte sans hésitation et plonge dans la douleur du génocide de 1994, encore très présente, avec son million de morts.
Inspiré par ses rencontres et les témoignages de survivants, il écrit Espérance, et autres nouvelles du génocide rwandais. Pendant trois ans, il couvre pour l'AFP et la BBC la fin de la guerre civile au Rwanda et au Burundi et la rébellion en République démocratique du Congo. La guerre devient une de ses "spécialités" bien qu'il réfute le qualificatif de "correspondant de guerre" alors qu'il a jusqu'à présent couvert une dizaine de conflits africains. En 2001, il part pour la Côte d'Ivoire. Il est à Abidjan quand s'écroulent les tours jumelles du World Trade Center de New York. Pendant 48 heures il confie qu'il n'a pas quitté son écran de TV branché sur CNN. En quelques jours il écrit Depuis le 11 septembre, une réflexion-récit sur le prix d'une vie humaine, l'arrogance de l'administration Bush, la différence fondamentale de définition entre mondialisation et globalisation.
Peu après son arrivée, et sans lien de cause à effet, le pays sombre dans la pire crise de son histoire. Emmanuel Goujon sera l'un des seuls journalistes à rester dans Bouaké, capitale de la rébellion, juste après son occupation par les rebelles. Correspondant régional pour l'AFP et la BBC, il couvre également le déploiement des premiers casques bleus dans les territoires du Front révolutionnaire uni (RUF) en Sierra Leone. Alors que le conflit se calme en Côte d'Ivoire, la guerre fait rage au Liberia. Il fait de nombreux voyage dans ce petit pays d'Afrique de l'ouest fondé à la fin du XIXe siècle par des esclaves américains affranchis. Il est l'un des rares journalistes occidentaux à se rendre dans les territoires tenus par les rebelles du LURD. Il est à Monrovia de mai à août 2004 pendant le siège de la ville, témoigne sur les civils victimes des bombardements, se rend sur le front et assiste au départ de Charles Taylor. Avec son ami Paul Comiti il tourne un film de 26 minutes sur ces combats pour lequel ils obtiennent le 1er prix du Grand reportage d'actualité du Touquet. Le Liberia lui inspire par ailleurs la nouvelle "Les Déchaînés".
Après l'assassinat en Côte d'Ivoire de son collègue Jean Hélène, l'AFP et RFI décident de relocaliser Emmanuel Goujon et son épouse enceinte à Lagos, capitale économique du Nigeria. En 2006, il quitte enfin le Nigeria pour l'Éthiopie où il vit aujourd'hui avec sa femme et son fils de trois ans et demi. Il est chargé de la Corne de l'Afrique et de l'Union africaine. Il a couvert dernièrement la guerre en Somalie, après l'intervention éthiopienne avec "toujours à l'esprit ce même désir qu'il y a presque dix ans, d'être un témoin des souffrances et des lueurs d'espoir", dit-il.
Bibliographie
Espérance et autres nouvelles du génocide rwandais, Hatier, coll. "Monde noir", 2002
Depuis le 11 Septembre, Gallimard, coll. "Continents noirs", 2001
"Les déchaînés" in Dernières nouvelles du colonialisme, Vents d'ailleurs, 2006
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