Mohamed Iguerbouchène, Une oeuvre intemporelle

  • Mohamed Iguerbouchène, Une oeuvre intemporelle

Date de sortie : Lundi 01 décembre 2014
Genre : Biographie

ISBN du livre : 978-9931-429-14-2
Code DEWEY : Arts et loisirs
Pages : 127

Année : 2015
Pays principal concerné : Rubrique : Musique, Cinéma/tv, Histoire/société

La postérité laisse de Mohamed Iguerbouchène le souvenir du père incontesté du métissage musical en Algérie. En fait, l'immensité de son talent va bien au-delà de la musique de films dont il est le premier compositeur classique algérien de l'histoire. Preuve en est, le fabuleux parcours et l'œuvre colossale de l'artiste d'exception que retrace, dans son essai, Dr Mouloud Ounnoughène.

 D'emblée, dans l'avant-propos du livre, l'auteur -qui, en plus d'être neurochirurgien, est lui-même musicien, ancien producteur et animateur d'émissions radiophoniques sur les musiques du monde-, l'auteur donc, est catégorique au sujet de Mohamed Iguerbouchène. Il commence ainsi : «Il est des artistes qui marquent leur époque par le talent ; d'autres inscrivent leur nom par l'originale créativité ; très peu gravent dans la postérité leur génie historiométrique dans le panthéon des artistes. Iguerbouchène hérite de ce qualificatif, malheureusement à titre posthume» (Page 5).

Et Mouloud Ounnoughène de poursuivre  sa narration non sans souligner le génie du compositeur musical. Ecoutons-le : «Son œuvre musicale, incommensurable et unique, ennoblie par une technicité exceptionnelle, une qualité harmonique étonnante et une variabilité stylistique déroutante, brille tel un diamant» (id.)

Un peu plus loin, l'auteur précise sa pensée dans la langue adéquate d'un héritier des classiques : «Le talent d'Iguerbouchène est magnifié par des catalyseurs qu'il a su naturellement saisir, et ce, à travers notamment son long et inépuisable parcours initiatique qui le conduit depuis son Djurdjura natal aux prestigieuses écoles de musique européenne de son époque. De Londres à Vienne, de Milan à Paris. De chacune de ces villes, il capitalisera et rapportera son lot d'érudition. Il en est sorti bardé et nanti d'un savoir musical exceptionnel, une moisson de notes merveilleuses, le voilà ainsi outillé dans la magnifique entreprise de composition». (id.)

Dans le même avant-propos et comme pour être plus explicite, l'auteur prévient malgré tout à propos du compositeur classique : «Iguerbouchène n'a pas usurpé la nouba de Zyriab, il n'a pas, non plus, abusé du folklore pour se faire valoir : Mohamed crée, innove et déconstruit son univers musical ; il est doué d'une plasticité de «syntaxe» musicale. Il a utilisé différentes formes d'expression dans ses compositions musicales ; il passe aisément de la rhapsodie à la sonate, du concerto au poème symphonique. Il produit par ailleurs des quatuors inhabituels pour l'époque, ils ont été distribués pour l'oud, la flûte, le qanun et la derbouka.

Iguerbouchène a confronté très tôt les rapports entre la musique andalouse et le maqam oriental ; il décortique cette thèse à la radio PTT d'Alger en 1936, et ce, dans une conférence instructive»
(pp.5-6).

 Un cas d'école unique dont la renommée dépasse le Maghreb et le Moyen-Orient.

 Selon Mouloud Ounnoughène, Mohamed Iguerbouchène n'est pas seulement le «premier compositeur algérien de musique de film, dont «il cosigne avec Vincent Scotto la bande son du film "Pépé Le Moko" avec Jean Gabin».
Il grave également «ses croches dans les studios américains de Walter Ranger / United Artists, notamment pour le compte du film «Algiers» : C'est la sulfureuse Hedy Lamarr et le talentueux Charles Boyer qui tiennent la tète d'affiche.
Iguerbouchène illustrera ensuite musicalement «Bim, Le Petit Âne» dont les commentaires, sont écrit et lus par Jacques Prévert. Mohamed collabore également avec Tahar Hennache, le précurseur du cinéma algérien, dans le film documentaire «Ghatassine Essahra» (Les puisatiers du désert).

Mouloud Ounnoughène ne tarit pas d'éloges en substance : «Père du métissage musical en Algérie, Mohamed Iguerbouchène a synthétisé, voire assimilé différentes cultures musicales : maghrébine, européenne, orientale  et africaine. Ces influences mutuelles se déclinent dans ses compositions ; la rhapsodie concertante, blue dream, la férie orientale sont quelques exemples qui illustrent bien cette démarche » (page 6). «Le métissage musical dont il est question se rapporte aux confrontations de styles, de rythmes et d'instruments de musique pour en fait, tomber dans un cadre d'interprétation de genres. Le but étant de vivifier les créations musicales par les différents trocs d'esthétiques» (page 9).

Dans son ouvrage instructif, l'auteur ne se  limite pas seulement à retracer le parcours fabuleux et l'œuvre colossale de Mohamed Iguerbouchène dont il estime, au demeurant, que c'est «un cas d'école unique et que sa renommée dépasse le Maghreb», que «sa notoriété n'a pas d'égale au Moyen Orient (…)». Il consacre aussi une belle part à la biographie de Fransico Salvator Daniel (1831-1871), un musicologue et orientaliste qui a mis en partition la musique kabyle (pp. 13 à 21)

Il consacre, par ailleurs, un espace important à un hommage rendu au compositeur classique ainsi qu'à des témoignages effectués respectivement par Karim Tahar, musicien chanteur ; Mustapha Sahnoun, musicien compositeur et interprète ; musicien compositeur ; Zoheir Abdelatif, ancien producteur à la radio et télévision nationales ; Salem Kerrouche, professeur d'enseignement musical (pp. 91-114)  

Attentif, minutieux, Mouloud Ounnoughène décrit avec force détail le parcours du compositeur classique ; il retrouve ainsi, dans ces échos à une histoire relativement lointaine, la veine d'une syntaxe musicale, comme si l'auteur avait voulu réaliser la synthèse de ces multiples univers musicaux. Ce que l'on aime chez l'auteur, c'est le ton, une vision élogieuse de l'univers musical d'Iguerbouchène, lequel explose d'énergie créatrice.

Pour tout dire, le propos n'est pas de regarder cette œuvre colossale avec nostalgie ni de porter sur elle un jugement moral ou sociologique. Hypnotisé par la beauté de sa musique et le charisme de son compositeur, Mouloud Ounnoughène se situe dans la stricte observation et rend ainsi grâce à l'art indémodable de Mohamed Iguerbouchène. A lire attentivement tant l'ouvrage renseigne de façon achevée sur les travaux musicographiques hors du commun réalisés par un compositeur classique de renom.


"Mohamed Iguerbouchène, une œuvre intemporelle", du Dr Mouloud Ounnoughène, Edition Dar Khettab, Alger 2015, 127 pages. 

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