Mohamed Iguerbouchène (en Tifinagh : Muḥend Igerbucen, en arabe : محمد اقربوشن) est un compositeur algérien né le 13 novembre 1907 à Aït Ouchène (Wilaya de Tizi-Ouzou, Kabylie, Algérie).
Mohamed Iguerbouchène fut l'aîné des onze enfants nés de Saïd Ben Ali et de Sik Fatma Bent Areski. Il a fréquente une école primaire anglaise à Alger. C'est là qu'il étudie pour la première fois le solfège et là où il a sera vu et entendu par Bernard Fraser (plus tard Bernard Fraser Ross), un riche célibataire écossais, qui passait ses hivers à Alger. Ross convainc les parents d'Iguerbouchène d'emmener le garçon en Angleterre pour son éducation musicale. Musicien prodige, ces premières œuvres comprenaient Kabylia Rapsodie n. 9 et Arabe rapsodie n.7.
À la mort de Fraser Ross en 1929, Iguerbouchène hérite de tous ses biens en Algérie. Fraser Ross lui légua également 1 500 livres supplémentaires à condition qu'il n'épouse pas une fille d'origine européenne. Cependant, Iguerbouchène a épousera une citoyenne française d'Algérie, Louise Gomez. Le mariage échouera, bien qu'ils n'aient pas divorcé.
En 1934, Iguerbouchène est présenté à la SACEM en tant qu'auteur-compositeur, et cette même année il est également présenté comme membre de la SACD. À Paris, il étudie les dialectes berbères : Tamahaq, le Tachawit et le Tashelhit. Au début des années 1930, Iguerbouchène compose la musique de documentaires algériens et d'un court métrage "Dzaïr". Julien Duvivier lui demandera de collaborer avec Vincent Scotto sur la bande originale du film de 1937 "Pépé Le Moko" avec Jean Gabin. Il y fut crédité "Mohamed Ygerbuchen". Le remake du film fut fait en 1938 à Hollywood sous le nom de "Algiers", cette fois il fut crédité "Mohammed Igarbouchen".
Dans les années 1930, Iguerbouchène devient copropriétaire du cabaret-restaurant "El Djazaïr", rue de la Huchette dans le Quartier Latin de Paris. En 1938, il rencontre à Paris le chanteur Salim Halali (originaire d'Annaba), avec qui il compose une cinquantaine de chansons, principalement dans un style hispano arabe. La collaboration a été couronnée de succès dans les clubs parisiens, en Europe et en Afrique du Nord. En 1937, il écrira notamment la partition du film "Terre Idéale" en Tunisie. La BBC diffusa en 1939 l'une de ses œuvres orchestrales, une "Moorish Rhapsody", dirigée par Charles Brill.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Iguerbouchène doit gérer la direction musicale d'émissions de propagande de l'occupant Paris Mondial du régime pour l'Afrique du Nord. Il entretien une relation avec une germano-belge, Iwane 'Yvonne' Vom Dorp, avec qui il a eu cinq enfants illégitimes. Au début de 1945, Iguerbouchène compose une centaine de chansons basées sur des poèmes de Rabindranath Tagore. En 1946, il compose la musique de "Les Plongeurs Du Désert" de Tahar Hannache, puis pour le court métrage français "Le Songe De Chevaux Sauvages", réalisé par Albert Lamorisse en 1962.
En 1957, Iguerbouchène retourne en Algérie, où il travaille pour la radio algérienne, compose et dirige l'orchestre de l'Opéra d'Alger. Il est mort des conséquences du diabète à Alger le 21 août 1966.