Des ossements et des vestiges de milliers d'esclaves débarqués au Brésil entre le XVIe et le XIXe siècle ayant été découvert sous les pavés du port de Rio de Janeiro, ce passé tabou, longtemps enfoui, ressurgit. Des archéologues, historiens, avocats se battent pour inscrire ces tristes événements dans l'Histoire du Brésil et faire reconnaître à l'État les crimes du passé.
"J'ai passé ma vie à la recherche de mes origines. Maintenant, j'ai un certificat ADN qui prouve que je viens du Nigeria, mes ancêtres appartenaient au peuple yoruba. J'étais vraiment ému quand je l'ai reçu." À l'instar de Luiz Sacopa, au Brésil, de nombreux Noirs ignorent tout de leurs racines. Après l'abolition de l'esclavage en 1888, beaucoup de documents sur l'identité de ces Africains ont, en effet, été détruits. Dans ce pays jeune, construit sur l'exploitation de millions d'êtres humains entre le XVIe et le XIXe siècle, la question est longtemps restée taboue. Peut-être parce que, comme l'avance l'archéologue Jeanne Cordeiro, "l'esclavage au Brésil est récent. C'était hier. On a à peine cent ans de distance". Avec le boom de l'économie sucrière à partir de 1570, les Portugais font venir d'Afrique des hommes et des femmes transportés par bateaux dans des conditions inhumaines. Ceux qui ne sont pas morts durant la traversée, ayant prouvé leur résistance, sont triés puis envoyés travailler dans les plantations de canne, puis de café, de coton ou de tabac. Port incontournable en Amérique du Sud, Rio tient alors un rôle majeur dans la traite négrière jusqu'à la fin du XIXe siècle. Sous ses pavés sont enfouis les vestiges d'un passé particulièrement douloureux. À l'occasion de la Coupe du monde de football, puis des jeux Olympiques, la ville s'est lancée dans de grands projets de rénovation. Ces travaux ont mis au jour de nouveaux sites archéologiques qui, aux dires de l'archéologue Reinaldo Tavares, "remettent complètement en question ce que l'on savait sur l'esclavage il y a encore deux ans". Scientifiques, historiens ou simples citoyens, de nombreux Brésiliens se battent aujourd'hui pour inscrire ce pan de leur histoire dans la mémoire collective.
Un film de Angèle Berland, en collaboration avec Aglaé de Chalus
France, 2016 | documentaire | 52 min. | couleur | DCP | VOSTFR
L'avis du festival (Festival de cinéma brésilien Paris - FCBP 2016)
Redécouvert lors d'importants travaux de réhabilitation de Rio de Janeiro, le quai de Valongo fut le plus important débarcadère d'esclaves des Amériques. Aujourd'hui reconnu au patrimoine carioca et national, il est inscrit au programme de la "Route de l'esclave" établi par l'UNESCO et attend son inscription au Patrimoine Mondial de l'Humanité.
Mémoire et histoire se font prégnantes dans le quotidien de la "ville merveilleuse" qui ne cesse de se renouveler. Ce documentaire poignant met en lumière le terrible passé d'afro-descendants que l'on a trop souvent essayé d'oublier ou de fondre dans le mythe de la démocratie raciale.
http://festivaldecinemabresilienparis.com/2016/noir-bresil/
- Réalisatrice : Angèle Berland
- Scénario : Angèle Berland et Aglaé de Chalus
- Son : Pierre Bégon-Lours
- Photographie : Nolwenn Hervé et Pierre Bégon-Lous
- Montage : Fabrice Averlan
- Bande originale : Hervé Baudon
- Production : Production AB productions, avec la participation de Toute l'Histoire et de France Télévisions
2016 | Festival de cinéma brésilien Paris - FCBP 2016, France
* Sélection
* SEANCES ET HORAIRES: Mercredi 6 avril - 21h30. Débat avec la réalisatrice Angèle Berland
http://festivaldecinemabresilienparis.com/2016/noir-bresil/