Madiba est parti
C'était hélas ce matin rempli de brises et de flocons de nuages moutonnés que j'ai appris la nouvelle
Elle était très amère
Elle a été terrible
Il paraissait Madiba comme ce petit filet d'eau de montagne qui serpentait les roches et les cavernes
Qui a fondu avec son grand esprit
Et son sourire immense et indélébile
Qui a fondu donc à faire trembler notre terre
Nous laissant orphelins du siècle
Des siècles durant
Car il avait dit non
Aux chauds élans de haine qui explosaient.
Mais il les dompta, les adoucit,
Et les apprivoisa
Il les rassembla
Dans ses petites mains douces
Tout comme une gamelle de mousses
Rouges, noires et blanches
Et autres incolores
Il les étala
Sur les chemins farouches
De montagne, de forêt et de désert
Il les assembla et les rassembla
Princes et émirs et autres
Quel lourd héritage !
A quand le retour !
A quand un autre évènement !
On l'a laissé partir ce Madiba
Mais nous ne sommes pas rassasiés de sa sagesse.
Nous ne sommes pas remplis de son amour qui adoucit les haines
Repus du pardon que toi Madiba nous enseigna toute sa vie.
Au nom du voyage De Gorée à Tombouctou
Que toi, tu fis faire aux neuf poètes du continent
Je serai là
Plus près de toi que tout autre
Comme un fantôme ami
A la mise à terre
Tout près de ta tête
Je viendrai
Pour te dire "bonne traversée Madiba."
Albakaye Ousmane KOUNTA Poète, écrivain. Bamako, le 06/12/2013