Lundi 27 Mars à 20h30
"Belzec" de Guillaume Moscovitz
France, 2005 - Film d'1h40 mn
en présence du réalisateur
Entrée sur libre participation.
Presque oublié dans l'histoire de la Shoah, Belzec est chronologiquement le premier camp d'extermination de l'Aktion Reinhard, le plan nazi d'extermination des Juifs des territoires de la Pologne occupée.
Sa destruction intégrale dans les premiers mois de l'année 1943, presque un an avant le démantèlement des camps de Sobibor et de Treblinka, témoigne de la volonté nazie d'effacer les traces de l'extermination des juifs d'Europe. Le meurtre de masse industrialisé du peuple juif par les Nazis ne s'est pas arrêté aux meurtres des vies, il a continué avec la destruction des cadavres de ceux qui avaient été exterminés : effacement des corps, des noms et des lieux. Ce qu'on appelle aujourd'hui le négationnisme était déjà au principe même du
meurtre nazi : l'effacement des traces de l'extermination faisait partie du plan d'anéantissement du peuple juif.
A part Rudolf Reder décédé à la fin des années soixante et Chaïm Hirszmann mort assassiné à Lublin au lendemain de la guerre, personne n'est revenu du camp d'extermination de Belzec pour témoigner.
En filmant les séquelles de cet effacement, le cinéaste montre la violence de notre présent : là où il n'y a que destruction, comment attester de ce qui a été ?
Mardi 28 Mars à 20h30
"Dieu est mort au Rwanda" de Jennifer Deschamps
France, 2005 - Documentaire de 40mn
en présence de la réalisatrice
Entrée sur libre participation.
Rares sont les Rwandais qui ont renoncé à Dieu après le génocide. Ce documentaire leur donne la parole.
Ils s'appellent Isabelle, Innocent, frère Jean- Damascène. Chacun à leur façon, ils racontent comment ils ont "perdu Dieu". Innocent, dont la famille a été massacrée dans une église, ne va plus prier le dimanche. Il n'a pas totalement perdu la foi : pour lui, Dieu est encore là "quelque part". Mais il se sent trop en colère pour tourner son regard vers lui… Isabelle, qui, elle aussi, a vu mourir sa famille, livre à la caméra son ressentiment et sa douleur. Ce Dieu qu'elle a supplié de sauver sa famille, ce Dieu qui n'a rien fait, elle le rejette aujourd'hui. "On priait pour qu'on ne nous tue pas. Mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi on a attendu tout ce temps-là ; pourquoi on n'a pas cherché à fuir ? On est restés chez nous en attendant que Dieu nous sauve. Et on nous a tués." Pour le frère Jean- Damascène qui a consacré sa vie à Dieu, cette perte constitue un déchirement. "Dieu a fui le Rwanda, lâche-t-il. Des hommes d'Église ont participé au péché le plus abominable qui soit sur terre.
En qui croire alors ? Où est Dieu alors ?" Il est l'un des rares à briser la loi du silence en vigueur dans la communauté ecclésiastique rwandaise aujourd'hui. Au fur et à mesure que le film avance, le spectateur comprend en effet que ces trois témoins constituent des exceptions. L'immense majorité des Rwandais continue à croire en Dieu. Si beaucoup d'entre eux ont choisi de quitter l'Église catholique, c'est pour se convertir au protestantisme ou aux mouvements religieux émergents : baptistes, évangélistes ou pentecôtistes. Isabelle confie à la fin du film que personne au Rwanda n'ose publiquement prononcer cette phrase : "Je ne crois plus en Dieu".