Véritable lieu de brassage culturel, ethnique et linguistique, le nord-est algérien est marqué par un fort syncrétisme de croyances, mythes et cultes ruraux et populaires. La musique des flûtes gasba, étroitement liée au culte des marabouts et, par extension, au culte des Saints, en apporte le témoignage vivant. Mais le répertoire des flûtistes ne se limite pas au rituel. La gasba joue aussi un rôle fondamental en accompagnement de la chanson profane. Profondément imprégnée de poésie populaire melhûn celle-ci célèbre aussi bien les vicissitudes de l'existence que l'ivresse et l'amour. Les flûtistes et percussionnistes de Beni Salah ont tous fait leur apprentissage auprès des anciens musiciens à l'occasion des fêtes en l'honneur des saints patrons ainsi que lors des mariages. Sayfi Mohamed Tahar fut le premier flûtiste à accompagner la chanteuse Zoulikha à l'occasion de son premier enregistrement qui eut lieu à Annaba. Il fait aussi montre d'une grande puissance vocale et d'un délié d'une souplesse très particulière. Une voix marquée par cette forme de lamento qui caractérise tant les chanteurs traditionnels des montagnes de cette région. La gasba est l'instrument le plus répandu en Algérie et, on l'a vu, elle est intimement liée à la culture populaire de ce pays. Si l'instrument semble simple dans son apparence, sa pratique est en revanche difficile et demande une grande dextérité.
A 20h30