En réaction aux histoires impériales et nationalistes qui enferment les sociétés colonisées dans une radicale différence ethnologique et une linéarité de leurs temporalités historiques, les études postcoloniales ont eu le mérite de réintroduire les actes et les représentations des subalternes dans le débat, par une approche qui valorise le culturel et permet de réintroduire la parole. Toutefois, en faisant du moment colonial un point focal de la production des savoirs sur le contemporain des sociétés africaines, elles éclipsent le temps de l'histoire du continent. Partout où elles sont advenues, les interventions coloniales, elles-mêmes aux prises avec des tensions internes, ont négocié avec les colonisés un modus vivendi informé par des héritages divers et variés inscrits dans la longue durée. Gommer ces diversités et leur inscription dans le temps long pour les articuler exclusivement au moment colonial risque de conduire à l'impasse. En revanche, la réintroduction du temps long dans le débat aiderait certainement à mieux éclairer la diversité des conditions postcoloniales.
En partenariat avec Vives Voix
Entrée libre - 19 heures