Un jeune homme d'une vingtaine d'années, s'adressant à un auditoire imaginaire depuis le fond de sa cellule, nous raconte son histoire, son enfance. Cette cellule, on le comprendra vite, est en fait une cachette d'où il attend d'être tiré par des hommes qui peuvent lui apporter le meilleur comme le pire : tout le livre est rythmé par cette attente dont l'issue ne sera connue qu'aux dernières pages.Lorsqu'il avait neuf ans, son père lui est revenu après quatre ans d'internement dans un camp à la réputation terrible, appelé la Plantation. Véritable mort-vivant, spectre méconnaissable, ce père ne prononce plus une parole, il n'est plus dans la vie. Les seuls sons qui s'échappent en secret de son gosier, il les réserve aux oiseaux prisonniers de la boue des marais, dans une forme de communication hors du monde, extra-naturelle. Cependant, une soi-disant nation nouvelle est en construction. On s'y gargarise de slogans creux, de périphrases absurdes. Le contrôle de la parole est un enjeu primordial de tous les régimes. Devenu presque adulte, le garçon refuse cette falsification du langage et ce qui va avec : l'incorporation obligatoire dans une guerre inter-ethnique qui n'avoue pas son nom. Il se cache en attendant la fuite. Paradoxalement, comme pour refermer la boucle, c'est sur les lieux mêmes de la Plantation qu'il va trouver un refuge provisoire, là où la vie de son père s'est brisée.
Kossi Efoui, né au Togo, se consacre en partie au théâtre. Ses pièces sont jouées sur les scènes africaines et européennes. Il a publié également de la poésie. L'ombre des choses àvenir est son quatrième roman, après le très remarqué Solo d'un revenant (2008), qui lui a valu le prix des Cinq continents de la francophonie.