La mort a occupé toute la place dans ma vie. Je ne saurais dire pourquoi, j'ai préféré garder le souvenir de tous ces corps exposés plutôt que celui des instants de bonheur que j'ai connus.A vrai dire, j'ai eu plus souvent le loisir d'imaginer les morts que de les observer. On s'était attaché à évoquer devant moi toutes sortes de trépas, des morts violentes le plus souvent, des décès brusques, tout en m'interdisant les veillées. Mon désir n'en aura été qu'aiguisé. Quel était ce silence dont on parlait, cette impression d'abandon, de sérénité saisie sur le visage de cousine Marguerite ? Ou bien encore la colère sur le visage de ma grand-mère à l'arrivée de son gendre à la veillée ?
J'aurais aimé voir."
Voir. Comprendre. Dans ces nouvelles de Gerty Dambury, des hommes, des femmes, des enfants, épient, comme cachés derrière un rideau, cette grande inconnue, la mort. Ils sont photographiés à leur insu, dans un paysage éclatant, la Guadeloupe, présente à chaque page dans toutes ses nuances. L'auteur restitue avec finesse les désarrois, les colères ou la fatalité, voire l'humour, avec lesquels ses personnages font face à ce qui les attend.