Nuit giratoire est un work in progress qui se travaille en plusieurs étapes de résidence et de diffusion. Valérie Berger a souhaité inscrire sa démarche et sa recherche dans la durée, avec des temps forts, des confrontations avec le public dans l'idée de fournir une spontanéité dans la recherche et la construction de la chorégraphie avec les interprètes.
Après des fouilles artistiques, des interviews sur le terrain, une itinérance d'écriture, la chorégraphe entame le processus de création, avec les artistes associés au projet d'Antananarivo
Les complicités artistiques tissées au fil des jours entre les artistes sont une richesse omniprésente dans cette création. L'apport du théâtre et du texte sont des éléments nouveaux pour la chorégraphe qui cherche sans cesse des prises de risques pour avancer.
Les étapes de travail ont montré qu'il est possible de varier les lieux de diffusion, si l'installation scénique est simplifiée au maximum.
Les soirées de diffusion ont montré que les spectateurs ne ressortent pas sereins. Certains sont choqués, d'autres sont séduits, tous sont surpris, voire étonnés. Selon les lieux de diffusion, les réactions varient, mais il est clair que Nuit Giratoire ne laisse personne indifférent.
À Madagascar, où nous avons exploité des lieux innovants (boîtes de nuits, bars à "filles", terrasse du Centre Culturel Albert Camus) ,nous avons pu rencontrer des publics diversifiés, parfois proches de nos personnages fictifs.
Le succès a été perçu dans la notion de représentation en série, puisque chaque jour, dans chaque lieu, le bouche à oreille fonctionnait. Les salles étaient pleines, ce qui est un luxe quand on voit souvent à quel point la danse contemporaine peut-être délaissée par le grand public.
De cette expérience chorégraphique riche et bouleversante naît une réelle envie de poursuivre la recherche, et de renforcer la diffusion "hors les murs", c'est-à-dire dans des lieux publics ou voir même à domicile. Il s'agit bien de sortir du cadre pour aller avers le public et non plus d'attendre qu'il vienne à nous.
Diffusion :
- Apéro-danse à Saint Leu
- 4 représentations sur la terrasse du Centre Culturel Albert Camus- Antananarivo, Madagascar
- Une représentation au bar musical "le glacier"- Antananarivo, Madagascar
- Une représentation au "BUS" discothèque. Antananarivo, Madagascar
- Deux répétitions publiques dans le cadre des stages organisés dans les alliances françaises de Majunga et d'Ambositra.
NUIT GIRATOIRE
En 2006
Une forme innovante en cohérence avec le sujet
À partir de la richesse de l'expérience des étapes de travail en 2005, la chorégraphe Valérie Berger souhaite enrichir cette création des nouvelles données récoltées au cours des voyages.
De "NUIT GIRATOIRE" émergent, les figures de deux personnages : Solange et Paloma, qui éclairent nos déambulations nocturnes et nous parlent de la pauvreté, celle qui tue encore chaque jour, dans une Afrique dévastée par le paludisme et le sida.
Solange et Paloma survivent dans la danse, dans les solos où l'on dévoile un peu de leur quotidien. C'est le fil rouge d'un travail qui se joue des mots, qui déploie sa gestuelle dans l'espace restreint de nos libertés.
En suspens, le public retient son souffle à l'évocation de leurs tranches de vies, il en veut encore, il veut savoir si elles aiment ça, si elles sont heureuses de leur sort.
En 2006, nous proposons aux lieux accueillant Nuit Giratoire de réaliser un stage- audition d'une dizaine de jours avec des danseuses "locales" sur le thème de NUIT GIRATOIRE, de choisir une interprète parmi ces artistes et de l'intégrer à la diffusion, pour accompagner les deux solos dansés par Valérie Berger et Voahangy Ralaisoana.
Rachel Pothin, qui n'est pas disponible en 2006 pour poursuivre la diffusion, enregistrera les voix-off du spectacle et son rôle sera repris et enrichi par chaque artiste tour à tour.
Valérie Berger ne veut pas s'arrêter à un point de vue personnel ou quelques témoignages recueillis dans l'intime ; elle souhaite laisser une page blanche, une suite aléatoire pour qu'une autre s'exprime, au gré des pays qui accueilleront Nuit Giratoire.
Dans cette démarche innovante, se trouve une vraie volonté d'aller vers le public, vers les danseuses de tous horizons. Il s'agit ici d'inscrire en rouge l'idée de la rencontre, trop souvent à peine souvent effleurée.
À chaque diffusion, il y aura "une nouvelle", venue d'ailleurs, croisée au bar, débarquant d'on ne sait où mais pourtant au parfum.
Elle sera Mozambicaine, Réunionnaise, Nigériane, Sud-africaine ou Malgache. Issue de la nuit, princesse déambulante pour une suite aléatoire.
Elle est Maria, Greta, Lilas ou Pamela, elle est la créature de nos allées et venues, celle qui marche sur le fil, qui hésite à faire le saut dans le vide, celle qui tente de ne pas tomber.
Ne plus en finir avec l'inconnu, mais l'inclure comme piste de recherche.
Ne plus fuir les mots que chaque femme cache au fond de son cour mais les noter, les produire, les vivre, les danser.
Ne plus danser pour une forme finale , mais danser ensemble pour partager nos différences.
Si la forme finale sera en évolution constante, c'est par choix de l'itinérance, par goût de nomadisme.
La nuit transporte les odeurs dans un voyage déambulatoire que la chorégraphe explore au fil des escales.
La danse s'inspire d'un trémoussement, déhanchement vif d'un bassin, d'un geste répété chaque nuit pour sortir de la torpeur, de la pauvreté, du vide des vies gâchées, pliées par un travail dégradant.
Le vide devient la matière, la source jaillissante d'une bascule incessante. Le jeu se crée à partir de la peur de se jeter dans une vie meilleure.
Un carnet de voyage, crée au fur et à mesure des escales et des rencontres est en gestation. Le photographe François Louis Athenas rencontré lors des représentations à Tananarive en mai dernier, propose à Valérie Berger de suivre la tournée de NUIT GIRATOIRE et de photographier les étapes de travail successives afin de réaliser un "livre d'images" du spectacle.
Ces images, retraçant le journal de la création, seraient éditées accompagnées des textes de la création.