(Si tu es mon frère, moi qui suis-je?)
Traduit de l'arabe par l'auteur
Années 1990, en Algérie.
Deux soeurs en conversation à coeur ouvert. La cadette, universitaire, refuse le port du hidjab, s'opposant à la volonté de son frère. L'aînée, femme au foyer, tente de la faire plier. Entre elles, beaucoup de révolte, de passion, d'incompréhension, mais aussi d'amour et de souffrances cachées.
En 1990, l'Algérie est un pays au bord du chaos, qui subit la montée des intégrismes, l'augmentation du chômage, le désoeuvrement des jeunes.
Or quand les violences s'accroissent, quand l'intolérance se fait plus pressante et les regards plus oppressants, les femmes sont souvent les premières victimes.
Au-delà du regard porté sur l'Algérie, Slimane Benaïssa donne d'abord la parole à des femmes qui ne l'ont plus. Dans cet intérieur traditionnel algérien, territoire féminin par excellence, la parole, heurtée, se libère enfin, hors de tout pouvoir masculin.
Moi, femme, comment faire pour exister ? Ou simplement pour survivre ? Dois-je m'exiler de moi ? Devenir étrangère à moi-même ? Dois-je me couper de mes origines pour trouver ma voie / voix ? Dépassant les questions liées au statut de la femme et aux tensions créées par les mouvements extrémistes, Slimane Benaïssa, dans une langue colorée et pleine d'humour, pose avec acuité la question de l'individu face au collectif.
A ces deux personnages de femmes, j'ai souhaité associer deux présences : celle d'une troisième femme, la "Mère", à la fois conteuse et chanteuse, porteuse d'une sagesse millénaire, qui tente de recréer le lien entre les générations, Et celle d'un homme, musicien, témoin muet et attentif du conflit cristallisé autour du frère, souvent cité, jamais présent.
Dans une maison, lieu clos, lieu-cloître.
Mais aussi lieu du possible, lieu du rêve, lieu d'ouverture et de retour aux origines.
Avec Patricia Lacoulonche, nous avons travaillé sur le motif, l'entrelacs, évocateur, par ses courbes et ses rencontres, de la féminité.
Le sol est constitué d'une toile peinte et de courbes de bois légèrement surélevées ; chaque soeur est confinée dans son espace, mais une rencontre reste possible.
Ancrée à ce sol, une tente dresse ses piquets haut vers le ciel, vers un ailleurs fantasmé ou passé.
De Slimane Benaïssa, traduit de l'arabe par l'auteur
Mise en scène : Agnès Renaud - Assistanat : Virginie Deville
Scénographie : Patricia Lacoulonche - Lumières : Véronique Hemberger
Costumes : Brigitte Massey - Training vocal : Nadia Tachaouit
Régie : Jérôme Bertin
Avec : Fatima Aïbout, Myriam Loucif, Khadija el Mahdi
Musicien : Youval Micenmacher