Omar D. vit et travaille en Algérie. La première exposition de ce photographe qui eut lieu lors des Rencontres de Bamako 1998 fut un événement parrainé par la Fnac. On put voir ainsi le travail de trente ans d'un universitaire de 47 ans qui a pour passions la photographie et son pays.
Pour un photographe, les chemins de l'expression libre passent le plus souvent par le constat de la réalité, la relation au jour le jour des choses de la vie quotidienne. Omar D. a dressé ainsi, année par année, séquence après séquence, l'état des lieux de l'Algérie au travers d'une observation géographique et humaine de sa région.
Chaque image, composée avec rigueur, cadrée avec le souci de remplir utilement la surface sensible (cette utilité vise la construction graphique de l'image, le refus de l'anecdote, l'importance du détail dans l'information générale), est en soi une narration complète d'un instant particulier dans un pays singulier. Cette force dans le compte-rendu objectif n'est pas exempte de qualités émotionnelles. Celles-ci, contenues généralement dans l'élément humain de la photographie, traduisent avec quel respect Omar D. considère ses proches.
Les portraits, qui sont une partie très importante de son travail, toujours "traités" avec la même approche que les prises de vues en extérieur, révèlent plus grandement encore le rapport entre le photographe, les femmes et les hommes photographiés. Le photographe efface tout effet technique possible pour que puisse seul apparaître le visage dans son âge, sa condition et sa dignité.
Les photographies d'Omar D., vues séparément ou dans leur ensemble, sont d'une grande cohérence esthétique. Les conditions difficiles de leur réalisation leur confèrent une dimension symbolique dont la conscience et l'engagement du photographe sont le centre.