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"Gil croit en Dieu. Moi, je crois en lui" Caetano Veloso, 1982
Né à Salvador de Bahia le 29 juin 1942, Gilberto Passos Gil Moreira commence à apprendre l'accordéon à l'âge de 10 ans et forme son premier groupe, "Os desafinados" (les désaccordés), à 18 ans. C'est à cette époque qu'il s'intéresse à João Gilberto et se met seul à la guitare, après avoir découvert la chanson "Chega de saudade". Il est aussi en contact avec la musique érudite contemporaine grâce à sa fréquentation du milieu avant-gardiste bahianais, qui lui fait découvrir Pierre Boulez, John Cage ou encore Stockhausen...
1962 est une année décisive pour lui puisqu'il enregistre ses premières chansons ("Povo Petroleiro" et "Coça coça, lacerdinha") et rencontre Caetano Veloso, Maria Betânia et Gal Costa. L'année suivante, Tom Zé se joint à eux et leur concert "Nos, por exemplo" (Nous, par exemple) marque le début de leur carrière.
Peu après, Gil s'installe à São Paulo. Il y travaille le jour et fréquente bars et salles de concerts la nuit ; c'est là qu'il rencontre Chico Buarque.
L'émission "O Fino da bossa", présentée par la chanteuse Elis Regina, lui donne une notoriété qui lui permet d'abandonner son travail et de se consacrer à la musique. Son premier disque, "Louvação", sort en 1967, alors qu'il a déménagé pour Rio de Janeiro. Il a sa propre émission de télévision et apparaît comme l'une des figures de proue du tropicalisme. Ce mouvement part de l'idée d' "anthropophagie" des valeurs culturelles étrangères et se concrétise avec le disque-manifeste "Tropicália ou Panis et circencis".
Gilberto Gil travaille, depuis les années soixante-dix, à diffuser la musique brésilienne dans le monde tout en s'intéressant à des styles musicaux variés : il collabore notamment avec Jimmy Cliff puis les Wailers au début des années 80.
Mais au-delà de sa carrière de chanteur et de musicien, il a un rôle plus politique. En 1969, comme nombre de chanteurs de l'époque, il est fait prisonnier par la dictature militaire puis s'exile à Londres jusqu'en 1972.
Conseiller municipal de la ville de Salvador de Bahia de 1988 à 1992, militant de la cause écologiste, Gilberto Gil sait mêler charisme et discours engagé. Son rôle politique est consacré en 2003, lorsqu'il est nommé Ministre de la Culture par le président Lula (Parti des Travailleurs).
Et puis, bien sûr, Gil est de Salvador. Salvador de Bahia qui est, sans aucun doute, la ville afro-brésilienne par excellence. La ville du candomblé, de la revendication de la négritude, des afoxés, ces groupes de carnaval étroitement liés au candomblé. Gil fait bien sûr partie de cette culture-là. Il a, entre autres, écrit une chanson pour les Filhos de Gandhy, afoxé créé en 1949, fer de lance de la revendication de la conscience noire.
De Gil à Verger, il n'y a donc qu'un pas, allègrement franchi par Lula Buarque de Hollanda. Qui mieux que le chanteur pouvait en effet partir sur les traces de ce français tellement imprégné de culture noire, des rites du candomblé, de l'esprit bahianais et africain ? Qui mieux que Gil, poète francophone et francophile, pouvait mieux comprendre Verger, nomade amoureux du Brésil ?
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