"Ana Hak ("telle quelle") : voilà qui résume bien Cheikha Rabia.
Emigrée à Paris, elle chante le raï à l'ancienne, accompagnée de deux flûtes traditionnelles au son imprégné de passé bédouin. Cheikha Rabia est habituée des cafés parisiens où, pour un public d'amateurs, elle chante ce raï authentique d'une voix puissante au timbre grave et voilé. L'insistance lancinante des rythmes et les boucles hypnotiques des mélodies tissées par la flûte habillent à merveille le timbre voilé de Rabia, comme raviné par les blessures. Depuis 1976, elle s'est installée sous les cieux plombés des hivers transis sans jamais s'habituer au froid : à Alger, il y avait du soleil, mais plus de travail pour elle, ni dans les bars et cabarets, ni dans les fêtes devenues de plus en plus rares. Plus tard, elle a fait venir ses enfants, et ne retourne désormais qu'un mois par an en Algérie. "Seul le temps soigne les souffrances du c?ur", dit-elle, tandis que les flûtes préludent suavement, souffle continu murmuré et mélodie ondoyante?
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