En marge de toute référence, Aniambossou développe un style personnel et inédit, empreint d'une grande spiritualité. Comme si son art était la survivance du pouvoir et de la force de création de ses ascendants, de l'Histoire et de la Culture.
Le dessin, dans les ?uvres d'Aniambossou, prime très largement sur la couleur, souvent réduite au rôle de support ou de soutien des formes. Ses couleurs pourtant recouvrent une palette très variée.
Dans le travail d'Armand Aniambossou le passé vit dans l'esprit du présent, l'histoire est un élément actif du présent. Ses compositions extrêmement créatives et originales, chargées de théâtralité et de délicatesse, tant du point de vue pictural que du sens, trouvent leur aboutissement dans les figures des Visages tourmentés particulièrement émouvants, qui expriment avec une grande économie de moyens la détresse de l'Afrique et de l'être africain. La souffrance tord les visages dans une pratique lente, comme amortie de la violence, il n'y a pas fracas mais distorsion. Le tors graphique de la liane qui structure le visage présente, au moyen de la densité graphique de ses ondulations, une harmonie qui donne toute leur horreur à ces portraits. Métaphores d'une Afrique vouée au drame, jouet des ambitions politiques des "grands" et des maîtres du monde, et de ses habitants, ballottés par l'histoire mais résistant.
Son ?uvre est fondée sur un accord subtil entre la figuration et l'abstraction, entre stylisation et naturalisme, entre hédonisme et scepticisme, entre impressionnisme et symbolisme, ce qui lui confère un caractère tout particulier, parcours des crises qui ont touché l'histoire de l'art du XXème siècle, quant aux valeurs et idées fondant le langage artistique. Comme si le syncrétisme qui fut la base de son éducation religieuse était devenu un principe d'action artistique, le ressort de ses inventions esthétiques.