Dans la plupart des études sur les migrations en Afrique, " l'attrait des villes " est censé expliquer pourquoi un jeune rural quitte son village pour " monter " à la capitale. Est-ce bien plus explicatif cependant que les vertus dormitives de l'opium chères à Molière ? Il est probable que non. De même la plupart des enquêtes sur la migration sont soit macrosociologiques et statistiques, soit monographiques et ethnologiques. Avec Zaïre, village, ville et campagne, les auteurs innovent complètement, autant dans leurs méthodes que dans leurs conclusions. Partant d'une approche psycho-sociologique fondée sur la recherche des motivations individuelles, les auteurs allient avec rigueur les classiques interviews en profondeur aux techniques quantitatives les plus pointues. Il ressort de cette enquête que la ville comme " miroir aux alouettes " n'est pas la cause unique de la migration, mais que ce sont les contraintes qui pèsent sur la vie villageoise, abus du pouvoir des anciens par la sorcellerie ou le manque d'infrastructures, qui semblent plus explicatives d'un phénomène dont l'ampleur serait irréversible en Afrique, au moins à court ou moyen terme.