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Après une quinzaine de pièces éditées pour la plupart chez Lansman, Acoria ou Au bruit des autres, et quatre romans publiés au Seuil, le théâtre de Kossi Efoui reste un Ovni pour beaucoup de critiques. C'est que le théâtre de Kossi Efoui travaille justement sur l'insaisissable, le volatile, sur l'évaporation, l'échappée… en un mot : le marronnage. Kossi Efoui revendique en effet cette posture, issue de l'histoire de l'esclavage dans la Caraïbe et les îles du Pacifique, comme un engagement esthétique et philosophique essentiel à sa démarche d'écrivain.
Objet Volatile Non Identifié, son théâtre " marronne ", donne sans cesse rendez-vous ailleurs pour mieux mettre en crise le spectateur. Ses personnages ne sont pas identifiables, ils muent, changent de peaux, perdent une à une leurs pelures comme les oignons, et laissent finalement au lecteur une coque vide : superposition de masques ou réincarnation à l'infini comme Anna, héroïne de Io (tragédie) (2005), énième réincarnation du personnage de la mythologie. Cette instabilité des corps traduit l'impossibilité de retenir la vie qui s'enfuit et se consume quelques soient les traces… Cette instabilité est l'identité même de l'humain toujours changeant et évoluant. Et il est de la responsabilité humaine de se faire volatile. Le devenir de l'homme qu'il soit d'Afrique ou d'ailleurs n'est pas arrêté à une identité close, il a droit à tous les envols. Les Ovni habitent aussi le ciel d'Afrique… Car, comme le rêve justement Kossi Efoui dans Volatiles (2006) " les oiseaux rappellent encore… avec le tracé migratoire de leur écriture labile… que les racines de l'homme sont aériennes ".