Depuis 2008, le Musée royal de l'Afrique centrale (MRAC), en collaboration avec le Centre d'Études politiques (CEP) de Kinshasa et le Centre d'études et de recherches documentaires sur l'Afrique centrale (CERDAC), appuyé par la Coopération belge au développement, a engagé un programme de recherche sur la décentralisation congolaise.
Deux volets complémentaires y sont développés : l'étude des futures entités provinciales, d'une part ; l'analyse du processus de décentralisation, d'autre part.
Le premier volet trouve sa concrétisation dans la publication d'études monographiques dont trois (Maniema, Haut-Uele et Kwango) ont été réalisées à ce jour. La tâche de collecte des données dans les différentes provinces est actuellement avancée et l'expérience des premières monographies a contribué à roder les équipes des chercheurs du MRAC, du CEP et du CERDAC.
La Décentralisation en RDC : de la Première à la Troisième République (1960-2011) est le titre du présent ouvrage qui inaugure l'autre volet. Un second tome dont la publication est prévue en 2013, regroupera les contributions d'une dizaine
d'experts, choisis par le MRAC à travers le monde en fonction de leur notoriété et de leur domaine d'investigation. Chacun a été invité à traiter un thème relatif à la décentralisation congolaise. Seront ainsi solidement discutées et étayées les questions de la gouvernementalité et de l'Administration, des frontières, de la géographie et de l'aménagement du territoire, de l'économie et des finances, de l'identité citoyenne et
des ressources humaines… Autant de sujets nécessaires à la lecture avertie et critique du processus politique en cours, du fait des ambiguïtés et de l'attentisme constatés sur le terrain qui contribuent à brouiller la perception même de la décentralisation.
L'originalité de ce premier volume, réalisé par Paule Bouvier, résulte de ce que l'auteur retrace les méandres qu'a connu le processus de décentralisation comme composante institutionnelle de l'État congolais au fil de l'évolution depuis l'indépendance, ses
temps forts comme ses périodes d'ostracisme. Car à l'instar d'autres événements de ce passé, certains moments clés de la décentralisation ont fait l'objet d'une sorte d'oubli officiel.
L'auteur
Les connaissances de Paule Bouvier en matière de politique africaine et congolaise en particulier résultent à la fois de ses travaux académiques et de ses expériences de terrain.
Arrivée au Congo belge en 1956, dans le cadre des institutions d'enseignement et de recherche créés à Élisabethville (Lubumbashi) par l'Institut de sociologie de l'Université libre de Bruxelles (ULB), elle s'y est consacrée à des tâches d'enseignement et de recherche dans les quartiers africains de l'époque. Proche du terrain congolais dès les prémices de la décolonisation, elle restera un témoin de l'évolution politique du pays. Devenue conseillère du parti politique Union Mongo (UNIMO), elle participa à la Table ronde belgo-congolaise de janvier-février 1960 qui décida de l'octroi de l'indépendance au Congo, suivit la campagne électorale (avril-mai 1960) de l'UNIMO en province de l'Équateur, assista à la mise en place des institutions à Léopoldville (Kinshasa) et aux troubles qui éclatèrent quelques jours après le 30 juin 1960. Ainsi, sa thèse de doctorat défendue en 1964 porta sur l'accession du Congo belge à l'indépendance.
Sa carrière académique, entamée comme chercheur, s'est terminée comme professeur ordinaire à l'ULB en 1997. Tout au long de ses années de professorat, elle y a dispensé des cours relatifs à la problématique des pays en développement, activité qui l'a amenée à côtoyer des étudiants congolais dont certains devinrent des acteurs majeurs sur la scène politique du pays.
Parallèlement à ses travaux universitaires, Paule Bouvier a continué à effectuer des séjours au Congo, lui permettant de mettre à jour ses connaissances. À chaque occasion, elle y a animé des conférences dans les universités de Kinshasa et de Kisangani. En 2002, elle a été désignée comme expert au Dialogue intercongolais qui se tenait en Afrique du Sud, à l'intervention de Francesca Bomboko avec qui elle écrira un ouvrage publié par le MRAC consacré à cet événement.