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La qualité du livre d'Erika Nimis (cf. son article approfondi dans le n°8 d'Africultures) est de non seulement donner à voir par de magnifiques illustrations mais aussi de donner à comprendre. L'Histoire de la photographie malienne est ainsi un vivant morceau de l'Histoire culturelle africaine contemporaine, de l'émergence de vrais professionnels passionnés dans les années 40 à la banalisation de l'expression artistique liée à la récente vulgarisation, d'où se détachent quelques comètes essentiellement appréciées en Europe. Ce passionnant tableau n'a rien d'une froide galerie d'artistes : Erika Nimis aborde le vécu de la photographie, de l'importance du mitraillage au flash pour valoriser un mariage aux bouleversements liés à l'arrivée de la couleur, de la concurrence faite aux laboratoires traditionnels par les photographes amateurs ambulants et par les studios coréens qui savent si bien développer le clientélisme à l'apparition de nouveaux créateurs. On pense au film La Dernière image de Faraï Sevenzo (Zimbabwe, 1997) où un jeune photographe ambulant fasciné par une de ses clientes recherchait la frontière entre réalité et image : laissant de côté le style posé du portrait de studio, la jeune photographie malienne s'ancre dans les réalités contemporaines et se pose la question de leur représentation.