Comment rester spectateur d'une démolition sociale ? Chaque fois que je vais dans nos villages, je rentre avec le regret de ne plus revoir certaines personnes qui seront à coup sûr emportées par l'alcoolisme avant mon prochain retour. Dans un contexte où la pauvreté et l'ignorance ont fait leur lit, la corruption de certains dirigeants finit par les exproprier du seul bien qui leur reste : la terre ou plus trivialement, le champ. Et comme on ne meurt jamais naturellement, la croyance en la sorcellerie, comme l'harmattan du soir, attise le feu de la haine et de la peur, vidant les villages de ses bras valides et de ses sages.