En 1926, l'Union minière du Haut-Katanga jette les bases de sa politique paternaliste, qui touchera tous les aspects de la vie quotidienne de ses travailleurs pendant plus d'un demi-siècle. En 2003, après une décennie dans la tourmente, 10 000 agents sont licenciés de l'entreprise dans le cadre du projet de libéralisation du secteur minier conçue par la Banque mondiale. De quelle façon ont-ils réagi à leur « abandon » par l'entreprise ? Comment ont-ils fait face à leur nouvelle indépendance ? Quels effets le déclin de leurs conditions de vie, puis leur départ de la société, ont-ils induits sur leurs rapports avec leur épouse, leurs enfants, leur entourage ? Basé sur une recherche ethnographique dans un camp ouvrier de Likasi (Katanga, République démocratique du Congo), ce livre s'attache à répondre à ces questions en prenant appui sur un cadre d'analyse inspiré de M. Foucault. Cette approche lui permet de développer au fil des pages une réflexion plus large sur l'expérience vécue du paternalisme dans le nouvel ordre économique que la Banque mondiale cherche à imposer dans cette région de l'Afrique.
Docteur en anthropologie de l'Université libre de Bruxelles et de l'École des Hautes Études en Sciences sociales, Benjamin Rubbers est chargé de cours à l'Université de Liège et maître de conférences à l'Université libre de Bruxelles. Il mène depuis 1999 des recherches sur les changements économiques et politiques que traverse le bassin minier katangais (RD Congo). Son dernier ouvrage, Faire fortune en Afrique. Anthropologie des derniers colons du Katanga, est paru en 2009 dans la collection « Les Afriques » chez Karthala.