La désignation d'intellectuels populaires est, a priori, surprenante, car elle associe des termes qu'on peut considérer comme antinomiques. L'intellectuel appartient traditionnellement à une élite lettrée qui a la maîtrise du discours artistique et littéraire, y compris lorsqu'il est issu des classes populaires. Mais aujourd'hui, des chanteurs populaires, des artistes, des journalistes radiophoniques, des conteurs relayent désormais les intellectuels en occupant le terrain de la critique sociale, tout en endossant la fonction éducative qui leur était traditionnellement dévolue.
L'émergence de ces nouvelles formes de contestation sociale portées par des acteurs connaissant un grand succès populaire ne délégitime-t- elle pas le rôle et la fonction de l'intellectuel "traditionnel" ? Ces formes inédites et dynamiques d'expression culturelle ne dessinent-elles pas la figure nouvelle de l'intellectuel populaire qui pourrait être considérée comme un relais de la critique sociale ? La dimension aporétique où s'institue une complémentarité ou une contradiction entre l'intellectuel et le populaire fait ainsi apparaître leur rapport paradoxal.
Aussi, les contributions réunies dans cet ouvrage livrent plusieurs lectures sur les différents positionnements qu'adoptent les artistes et les écrivains vis-à-vis du peuple, sur les modalités d'écriture et de paroles induites par ce positionnement, ainsi que sur la réception des oeuvres artistiques, littéraires, sociologiques et anthropologiques.
Textes de Christiane Albert, David Diop, Bruno Feidangai, Abel Kouvouama, Jean-Gérard Lapacherie, Hervé Maupeu, Gisèle Prignitz, Emilie Raquin, Monique de Saint Martin, Sara Tagliacozzo, Evelyne Toussaint, Tassadit Yacine, Patrice Yengo.