Parti d'Haïti quinze ans auparavant pour aller couper la canne à sucre dans les plantations cubaines, Manuel rentre au pays. Sur le chemin du retour, il rencontre Annaïse, elle aussi de Fonds Rouge. Mais le village a changé. Désormais écrasé par la sécheresse, il est aussi scindé par la haine après le meurtre d'un des villageois. La déforestation a conduit à l'épuisement des points d'eau. Manuel va arpenter les collines à la recherche d'une source susceptible d'irriguer les terres des villageois. Il espère que la découverte de l'eau permettra d'unir à nouveau la communauté. Mais la haine et la jalousie sont tenaces.
« – Ce que nous sommes ? Si c'est une question, je vais te répondre : eh bien nous sommes ce pays et il n'est rien sans nous, rien du tout. Qui est-ce qui plante, qui est-ce qui arrose, qui est-ce qui récolte ? Le café, le coton, le riz, la canne le cacao, le maïs, les bananes, les vivres et tous les fruits, si ce n'est pas nous qui les fera pousser ? Et avec ça nous sommes pauvres, c'est vrai, nous sommes malheureux, c'est vrai, nous sommes misérables, c'est vrai. Mais sais-tu pourquoi, frère ? à cause de notre ignorance : nous ne savons pas encore que nous sommes une force, une seule force : tous les habitants, tous les nègres des plaines et des mornes réunis. Un jour, quand nous aurons compris cette vérité nous nous lèverons d'un point à l'autre du pays et nous ferons l'assemblée générale des gouverneurs de la rosée, le grand coumbite des travailleurs de la terre pour défricher la misère et planter la vie nouvelle. »