Quand bien même les Afro-Américains subissaient des injustices de la part des populations blanches, Booker T. Washington avait privilégié l'universalisme au communautarisme en vue de la dignité par la formation et l'autonomie économique. Il était l'un des rares Noirs à avoir réussi à dépasser la différence des couleurs dans le Sud de l'après-guerre civile. Son objectif avait consisté à parvenir à l'égalité sociopolitique entre les Blancs et les Noirs, dans une Amérique pourtant sous tension raciale. En dépit de moult critiques, WEB Du Bois avait fini par admettre le statut de Booker T. Washington en tant que leader à la fois racial et national, l'ayant décrit comme « le seul porte-parole reconnu de ses dix millions d'amis et l'une des figures les plus remarquables » dans une nation de soixante-dix millions d'habitants. En plus, il était largement considéré comme la principale voix des anciens esclaves et le Noir américain le plus puissant de 1895 jusqu'à sa mort en 1915 au point d'avoir été reçu officiellement à la Maison Blanche par le président Theodore Roosevelt. Cette réception aurait-elle préfiguré la banalisation des Noirs dans la haute fonction publique des États-Unis (Colin Luther Powell, Condoleezza Rice, Charlotte Moton Hubbard…) et la victoire en 2008 de Barack Hussein Obama à l'élection présidentielle, ainsi que l'avènement de Kamala Harris ?