Donaye est un village mauritanien situé au bord du fleuve Sénégal, qui fait office de frontière entre le pays du même nom et la Mauritanie. Essentiellement peuplé de l'ethnie peulh, qui fait partie de ce qu'on appelle les Négro-mauritaniens vivant majoritairement dans le sud du pays, contrairement aux Maures. Le clapotis de l'eau et les berges verdoyantes ont des allures paisibles. Pourtant, ce décor est en réalité le théâtre d'un bien épineux conflit... Pour le comprendre, il nous faut retourner sur les traces des événements de 1989, paroxysme d'un conflit opposant le Sénégal et la Mauritanie, aboutissant à la déportation et l'épuration ethnique à l'encontre des Négro-Mauritaniens. Il aura fallu attendre 2009, pour qu'un accord soit signé entre le Haut Commissariat pour les Réfugiés et le gouvernement mauritanien, et prévoie le retour de ces derniers sur leurs terres. Ainsi, après 20 ans d'exil, les Peulhs peuvent enfin rentrer chez eux, et se voir restituer leurs biens. Mais à Donaye, le droit au retour exclut l'accès à leur ancien cimetière, aujourd'hui aux mains d'un propriétaire terrien maure. Hamed Salek a transformé en un vaste champ agricole le terrain du cimetière pour y faire pousser riz et arbres fruitiers, et ne veut rien savoir des coutumes et revendications des villageois. Il va même jusqu'à garer ses tracteurs au milieu des tombes, sans égard pour les quelques sépultures encore visibles.
Quant aux habitants du village, ils sont obligés d'aller enterrer leurs morts sur l'autre rive, dans un cimetière sénégalais. Alors Amadou Wane, le chef du village, tente de faire valoir les droits de sa communauté auprès des autorités locales. D'après lui, les villageois ont assez souffert de la folie xénophobe de 1989, aujourd'hui, ils veulent pouvoir vivre en paix, dans le respect de leurs traditions. Prêts à aller devant la justice, ils savent déjà que le retour du cimetière ne sera pas un long fleuve tranquille... Leur combat sera l'occasion pour nous de comprendre la place qu'occupe dans leur culture le recueillement traditionnel auprès de leurs ancêtres, mais aussi les conséquences quotidiennes d'un conflit ethnique encore vivace aujourd'hui. Or, le dénouement de ce type de différend local, contribue peut-être à construire les bases d'une cohabitation plus sereine, à l'avenir.
Documentaire, 52'
Produit avec le concours du Fonds francophone de production audiovisuelle du Sud
Production : Impluvium Productions (Sénégal), Solferino (France) collection LUMIÈRE D'AFRIQUE (Programme AFRICADOC) En partenariat avec TV RENNES 35
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