Dans son 23e film, le réalisateur britannique Mike Leigh retrouve Marianne Jean-Baptiste (Secrets & Lies) pour créer un regard stimulant mais finalement compatissant sur la vie de famille moderne.
En retrouvant Marianne Jean-Baptiste, la star de Secrets & Lies nommée aux Oscars, et en retournant dans le Londres contemporain pour une histoire inverse à celle de Happy-Go-Lucky, son favori du Festival de 2008, le dernier film de Mike Leigh, sept fois nommé aux Oscars, est d'une dureté et d'une drôlerie déconcertantes, et d'une grande perspicacité. Passant d'un membre à l'autre d'une grande famille noire de Londres, Hard Truths est un film d'ensemble d'une grande richesse psychologique, comme seul Mike Leigh sait les cultiver.
Hypersensible à la moindre offense et toujours prête à s'emporter, Pansy (Jean-Baptiste) ne fait pas dans la dentelle. Elle critique son mari Curtley (David Webber) et leur fils adulte Moses (Tuwaine Barrett) avec tant d'acharnement qu'aucun d'entre eux ne prend la peine de discuter avec elle. Elle se dispute avec des inconnus et des vendeurs et énumère les innombrables défauts du monde à qui veut bien l'entendre, en particulier à sa joyeuse sœur Chantal (Michele Austin), qui est peut-être la seule personne encore capable de sympathiser avec elle. Au fur et à mesure que le film égrène la douleur de Pansy et les retombées quotidiennes qu'elle laisse dans son sillage, on se demande si un point de rupture ne va pas survenir pour la famille.
Comme il s'agit d'un film de Mike Leigh, l'irascibilité de Pansy suscite souvent le rire, tandis que les diverses réactions des membres de sa famille témoignent de la complexité de la lutte contre le chagrin et la déception chronique d'un être cher. L'attention méticuleuse que porte le film aux moindres changements de comportement de ses personnages imprègne chaque scène de tendresse, de sorte que même s'il refuse les résolutions simplistes, Hard Truths nous laisse avec une véritable compréhension de qui sont ces gens, et pourquoi même le plus frustrant d'entre eux mérite que l'on s'intéresse à lui.