Cette exposition, qui réunit 71 photographies de l'oeuvre de Zanele Muholi et ainsi que son film "Difficult Love", est le résultat du Prix Casa África, obtenu par l'artiste en 2009 dans le cadre de la Biennale de Photographie de Bamako au Mali et dirigé par Masasam, commissaires de l'exposition.
L'oeuvre de Zanele Muholi est, selon ses propres mots, un travail "d'activisme visuel". Tout son acharnement et sa lutte, à caractère pleinement politique, consistent à conférer une visibilité,
aujourd'hui inexistante, à la communauté noire de Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Trans et Intersexuelles (LGBTI) en Afrique du Sud.
Muholi, en abordant les thématiques liées à sa propre communauté, réussi à travers ses images à remettre en cause les stéréotypes sexuels, à défier l'hégémonie existante en réécrivant une histoire visuelle qui reste encore dominée par une vision ethnocentrique et patriarcale, et qui continue à s'articuler à travers une réflexion hétéro-masculine qui taxe les lesbiennes noires du terme "ces Autres".
Zanele Muholi utilise la photographie comme une impulsion, comme un acte de militantisme qui alerte sur la triple exclusion que vivent les lesbiennes noires d'Afrique du Sud, puisqu'elles doivent lutter contre le racisme, le sexisme et le patriarcat.
Les photographies de Zanele Muholi débordent de sensibilité, d'intimité, de sentiment mais surtout d'indices. Ainsi elle nous ouvre sa vie - leurs vies -, elle partage avec nous leurs moments de bonheur et de complicité provocant une élévation de la relation que vivent ces femmes et particulièrement en multipliant les fragments d'une nouvelle histoire qui s'écrie jour après jour.
Toutefois en compilant l'histoire de ces femmes, en réécrivant leurs propres expériences, son travail de registre ne se compose pas uniquement de leurs luttes sans relâche, de leur courage au quotidien, de leurs souffrances, de leurs pertes, de leurs mutilations internes et externes, mais aussi et fondamentalement de l'amour présent dans chacune d'entre elles.
Muholi dénonce mais surtout - et de là résulte la grande force de ses photographies, pleinement esthétiques - elle ne présente jamais ces femmes comme victimes, bien au contraire, chacune se présente comme un sujet à part entière, ce qui lui permet de construire une nouvelle histoire visuelle de l'Afrique du Sud et de l'Afrique contemporaine.
Commissaires d'exposition: Masasam. Sandra Maunac et Mónica Santos
Entrées libres
Arrêt sur l'Image Galerie : du mardi au samedi de 14h30 à 18h30
MC2a/Porte 44 : du mardi au samedi de 14h à 18h