Saharas d'Algérie : Les paradis inattendus

Dans le cadre de "Djazaïr, une année de l'Algérie en France"
  • Saharas d'Algérie : Les paradis inattendus
Genre : Exposition

Du mercredi 30 avril au dimanche 12 octobre 2003

Horaires : 00:00
Rubrique : Arts plastiques

Dans une mise en scène originale, le visiteur sera appelé à vivre une traversée du désert où la désolation n'est qu'apparente.
Grâce à un "tapis volant", il pénètre dans cet univers de sable et de cailloux, où l'eau est omniprésente et constitue même l'une des plus grandes réserves du monde. Son jaillissement détermine la formation de paradis plus vrais, plus beaux et plus enchanteurs que tous les mirages : Timimoun, El Golea, Djanet, Tamanrasset, Ghardaia, Ihrir sont de véritables plages vertes dans l'ocre monotone… Si l'écologie de l'oasis est faite d'économie de moyens et d'ingéniosité, la vie dans le désert ne se limite pas à ces îlots privilégiés. Au milieu de ces paysages aux conditions de vie extrêmes, le visiteur découvre des stratégies de survie développées par l'Homme et les animaux, souvent surprenantes. Les difficultés de vie n'ont pas empêché l'émergence d'un art exceptionnel, sous forme de dessins et gravures pour certains vieux de dix millénaires.

À ces réalités de l'histoire naturelle et culturelle du désert vivant s'ajoute une réalité géologique qui prend une dimension exceptionnelle: la présence d'hydrocarbures. Comment cette richesse agit-elle sur la société saharienne ? Comment profiter de cette manne des profondeurs pour modifier durablement les conditions de vie en surface ?

Au fil de ce parcours, l'exposition apporte des réponses aux nombreuses questions que se pose le visiteur fasciné par le monde du désert : d'où vient le sable ? Comment y vivre ? où est l'eau ? qui a dessiné les émouvantes gravures et peinture rupestres ? qui sont les Touaregs ? quel est le futur du Sahara algérien ?

Pour se remettre de sa traversée, le visiteur pourra ensuite se délasser dans une tente touareg pour un thé au Sahara, alors que des manifestations musicales et un comptoir d'artisanat touareg lui apporteront le dépaysement final.

Première partie : le paradis perdu

Dans le grand sud algérien, les étendues de sables et les étranges reliefs des Tassilis laissent un sentiment puissant d'un monde disparu, d'une désolation certes grandiose, mais désolation quand même. Les roches des environs de Djanet, à Tikoubaouine, le mystère du paysage fait songer à une ville morte, parcourue de larges avenues ensablées.

Au détour d'un roc, plus au sud, à Tigharghar, se détache brusquement, sur une paroi, une merveilleuse gravure : têtes plongées vers une dépression naturelle au pied du rocher, formidable composition à la fois abstraite et saisissante de vérité d'un groupe de bovidés. Une grosse larme roule de l'œil d'un animal. Pourquoi la vache qui pleure pleure-t-elle ? Cette lancinante question n'a jamais trouvé de réponse, ni dans le cœur des Touaregs, ni dans les publications des savants archéologues et préhistoriens.

Il est plaisant de penser que la vache pleure un paradis qui meurt, un paradis qui s'assèche au moment où cette gravure a été réalisée. Quelques 6 000 années avant notre ère, cette région des Ajjer bruissait du vent dans les broussailles et les arbres, des clapotis de l'eau dans les gours où se baignaient les enfants et le bétail. Mais déjà les niveaux d'eau dans les gours (les gueltas) baissaient.

Une sècheresse dévastatrice a emporté ces images oniriques que les hommes ont gravées ou peintes dans les abris-sous-roche, comme pour fixer un monde mourant. L'eau est partie dans les profondeurs, d'où parfois elle jaillit encore. Au détour d'un canyon où ne s'écoule que la poussière, les cris d'enfants, le bruit de leurs plongeons et le lancer des cannes à pêche résonnent aux oreilles incrédules du visiteur non averti. Nous sommes à Ihrir, l'un des paradis inattendus d'Algérie. C'est du ciel aussi que se voient les traces du passage de l'eau. Les oueds ont creusé leurs lits comme des veines profondes qui irriguaient les plateaux, ou comme les nervures de feuilles aujourd'hui mortes.

L'exposition présentera des œuvres gravées des peuples agricoles et éleveurs qui occupèrent jadis les Tassilis enchanteurs. Les collections du Muséum donneront un aperçu de la faune qui occupait les dédales de rochers et canyons il y a encore 8000 ans : l'autruche, le crocodile, la girafe, le rhinocéros, et même le pélican.

Tout ce monde disparu nous a été révélé par un chercheur du Muséum, Henri Lhote, qui fit de nombreuses observations dans la zone du Tassili des Ajjer. Lhote réalisa des copies de presque toutes les peintures et sculptures du grand sud algérien, copies en couleur, et en grandeur nature. Quelques rouleaux de cette documentation exceptionnelle vont être déroulés pour la première fois pour les besoins de l'exposition, afin de révéler à la fois un art rupestre poétique et élaboré, et un travail de recherche d'une immense ampleur.

Pour découvrir le monde du Tassili des Ajjer et du Hoggar, l'exposition joue sur :
les décors dont une reconstitution de la gravure des " vaches qui pleurent " ou " bovidés de Térarart "
les témoignages archéologiques
des blocs gravés originaux
des animaux naturalisés
des documents peints d'Henri Lhote
des ressources photographiques exceptionnelles, dont le fonds Alain et Berny Sèbe, et les images en 3 dimensions réalisées par le photographe Christian Creutz.

Deuxième partie : le grand désert

Dune : le mot mythique est lâché. Soutenue par un roman d'anticipation du même nom, l'identification du désert aux dunes est dans tous les esprits. Pourtant, les dunes ne couvrent que 20 % de la surface du Sahara. Ces troupeaux de collines de sable qui courent sur des centaines de kilomètres, et qu'on nomme les Ergs, sont écrasés par l'immensité de la surface pierreuse du désert. C'est en fait cela, le désert profond : le Reg. À perte de vue, des étendues de cailloux, de pierres, des champs de débris rocheux, désespérément plats, sans vie, sans ombre, sans espoir. C'est là 80 % du Sahara.

Il n'y a rien qui puisse retenir le voyageur dans le reg. C'est l'expression même de la désolation : c'est un autre monde. Parfois, une intrusion rouillée conforte cette idée de paysage extra-terrestre : le Reg est l'endroit de la Terre où se détectent le mieux les météorites tombées du ciel.

À l'opposée du Reg, l'Erg, ou le champ de dunes, se conforme à l'image poétique du désert présente en chacun de nous. De ces vagues de sables doux naissent des paysages sublimes que le vent sculpte quotidiennement.

Dans l'enchevêtrement de dunes et la plénitude des paysages, des touches vertes et des traces de petits animaux, rappellent que la vie s'adapte toujours aux pires conditions d'existence. Les stratégies développées sont variées : économie d'eau, lutte contre l'évaporation, enfouissement… animaux et végétaux ont développé des capacités inimaginables pour tenir, sans apport d'eau, le temps de se reproduire, jusqu'aux prochaines pluies, le plus souvent exceptionnelles.

Pour découvrir le Grand Désert, les visiteurs pourront :

comprendre le jeu du vent pour façonner les paysages et éroder les roches
toucher des variétés de sable
voir les plantes et les animaux élaborant leurs stratégies de survie
identifier les traces dans le sable
soupeser des météorites
apprendre la vraie histoire des roses des sables
boire l'eau de l'oasis d'El Goléa
observer dans des stéréoscopes les images des dunes et apprendre les noms données aux nombreuses variétés de formes
observer enfin, à travers les images de regs, oueds, gueltas et autres, toute la variété du désert.

Le grand désert n'est pas un endroit où l'on reste : on y est pour le traverser, pour le quitter au plus vite. Les caravanes ont disparu, remplacées par les lourds et bruyants camions, affaiblies par l'établissement de frontières et le bouleversement de leur système social. Il reste encore un semi nomadisme, en bordure du désert, dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres autour des oasis. Là, une société pastorale Touareg profite de la moindre verdure pour nourrir quelques animaux. La tente est toujours là, mais elle est souvent de bâche et plus guère de poils de chameaux tissés. Les jerricans de métal côtoient maintenant les guerbas, outres en peau de chèvre. Au besoin, ils peuvent même servir de caisse de résonance pour les soirs de fête.

Les collections d'ethnographie de Lhote, que l'exposition dévoile, sont les témoins du désert que l'on rêve, et non plus du désert que l'on rencontre de nos jours. C'est là aussi une réalité qu'il faut accepter.


Troisième partie : l'oasis

L'oasis, c'est le monde fabuleux de l'espace du repos et de la vie, à la fois port et île saharienne, halte indispensable des grandes pistes qui traversaient le Sahara de part en part. L'oasis c'est aussi des jardins vivriers, des palmeraies et des Ksours, réseau de forteresses en architecture de terre, qui racontent le destin croisé du commerce et du pouvoir. Les oasis indiquent aussi les distances, les échelles géographiques et rappellent le temps et le rythme des caravanes. Lieu magique par excellence, l'oasis c'est la présence heureuse de l'eau.

Dans le désert profond, tout homme a un but : rejoindre l'oasis de vie. L'oasis est la destination, le but, le rêve. Les anciens groupes nomades s'y retrouvaient pour les fêtes, pour l'eau, pour la nourriture, pour le repos. Il n'y a pas de différence aujourd'hui, si ce n'est que les caravanes de chameaux ont presque toutes disparu. On converge vers l'oasis en véhicules 4x4 et en camions.

Lorsque apparaît l'Oasis, c'est toujours un saisissement. D'avion, c'est une brusque étendue verte, une tache qui macule le désert. De la route, c'est une ligne, une ligne de crête verte, la ligne des palmiers dattiers

L'oasis est presque toujours en creux par rapport à la ville qui la borde. Le niveau de l'eau est trop précieux pour qu'on y construise. Seules les plantes y vivent. Ainsi, à Timimoun, Ghardaia, El Golea, les maisons semblent s'agglutiner autour du paradis. Dans les villes règne l'activité du commerce, des marchés, des palabres. En contrebas, dans l'oasis, ce sont les glous-glous de l'eau qui passe d'un petit canal d'irrigation à un autre, ce sont les bruits doux des sarcloirs et des houes, et le vent dans les palmes.

Les oasis reposent toutes sur un jaillissement naturel d'eau, mais amélioré par les hommes. Des dizaines de kilomètres de galeries - les foggaras - ont parfois été creusées pour récupérer l'eau des plateaux désertiques lointains. À l'arrivée de ces tunnels au bord de l'oasis commence alors un complexe système de distribution et de comptabilisation de l'eau. L'eau est répartie par des pierres creusées d'entailles - les seguias - vers autant de canaux qui filent irriguer les lopins de terre. Les canaux se croisent, se chevauchent, dans un inextricable réseau sanguin qui donne vie au jardin. Le fouillis n'est qu'apparent. Le maître des eaux connaît les cheminements des canaux, et sait les faire se converger en cas de mariage entre deux familles, pour une nouvelle carte de distribution.

Dans l'oasis, on utilise le moindre centimètre carré. Le palmier dattier domine et fait de l'ombre aux cultures inférieures : les arbres et arbustes fruitiers à une hauteur intermédiaire, comme le figuier, et enfin, à ras du sol, les légumes. Qui n'a jamais goûté les laitues, les tomates et les courgettes d'oasis, ne connaît pas le vrai goût des légumes.

Pour comprendre l'Oasis, le visiteur

verra une reconstitution d'un système distributeur d'eau
verra les variétés de dattes
contemplera les types de légumes cultivés dans l'oasis
visitera le magasin à épices,
et l'intérieur d'une maison de l'oasis de Timimoun

À la sortie de l'Oasis, les convois s'organisent pour remonter vers le Nord, vers Alger. L'oasis, c'est cela aussi : le carrefour routier, où la caravane de chameaux n'avance que sur les cartes postales du passé, proche de quelques décennies, mais passé néanmoins. Il faut 100 chameaux pour porter le contenu d'un camion. Comment lutter dans ces conditions ? Ce progrès, c'est aussi quelques jours contre quelques semaines pour rallier Tamanrasset à Alger. Désormais le chameau est derrière la maison ou dans son enclos. On le sort pour les fêtes, les mariages, et les courses. Le 4x4 Toyota est devant la maison. Dans les villes, les ateliers mécaniques et de vulcanisation des pneus sont là pour marquer le changement.

La mise en scène d'un de ces ateliers rappellera la nouvelle réalité du désert, faite de mobilité et de rapidité. Le Sahara reste encore un monde d'une extrême fascination, une destination de rêve et une remontée dans le temps et les paysages, jusqu'aux premières manifestations de l'art, il y a de cela prés de dix mille ans. Pour un tourisme respectueux et de qualité, une promesse de partage et de voyage au goût sucré d'un thé à la menthe.

Quatrième partie : eau et gaz à tous les étages

Les étages géologiques, qui ont été pliés et remontés vers la surface par l'intrusion du massif du Hoggar, mis à nu par l'érosion, affleurent pour nous montrer la richesse potentielle du sous-sol Saharien. Là se lit la longue histoire du désert par l'empilement de couches. Le Sahara fut un jour au Pôle Sud. Il fut aussi une mer et une forêt tropicale. Les organismes abondants, enfouis dans les sédiments, ont formé les hydrocarbures, du gaz essentiellement, et du pétrole, prisonniers d'une roche poreuse.

Le pari algérien, c'est d'abord l'exploitation de ces couches d'hydrocarbures, par la mise en place de nombreux forages.

Ainsi, par cette richesse, l'avenir de l'Algérie dépend du Sahara. Et, réciproquement, le Sahara construit son avenir sur le pétrole et le gaz. Cette énergie a apporté l'électricité dans les plus éloignés des villages, et donc des facilités de pompage des eaux, et l'émergence de nouvelles fermes expérimentales qui font verdir le désert.

Une société nationale est responsable de cette politique d'exploitation et de redistribution des richesses du Sahara : la SONATRACH (Société Nationale Algérienne de Transport et de Commercialisation des Hydrocarbures). Sa politique est à terme de remplacer les ressources du sous-sol algérien forcément épuisables, par une ultime source d'énergie cette fois-ci inépuisable : l'énergie solaire. La région de Tamanrasset est en effet la région de la Terre recevant la plus forte énergie du Soleil. Capter et transformer cette énergie sera le défi du Sahara pour ce nouveau siècle.

Pour comprendre les enjeux dans le Sahara, le visiteur sera confronté à la réalité des échantillons de pétroles, de carottes de forages, de techniques de prospection et de distribution. Des dioramas ludiques montreront la circulation du gaz vers l'Europe, et rappelleront que toute la politique énergétique gazière de la France et de l'Italie, par exemple, repose sur les ressources sahariennes.


L'exposition Saharas d'Algérie
est une co-production Muséum National d'Histoire Naturelle - Commissariat de l'Année de l'Algérie en France

Avec le concours de
- L'Association Française d'Action Artistique
- La SONATRACH
- TOTAL FINA ELF
- Apple

Commissaires de l'exposition :
Hubert Bari (Muséum National d'Histoire Naturelle)

Conception et coordination :
Frédérik Canard
Abdelkrim Djilali ("DjazaÏr, une année de l'Algérie en France")

Décors :
Art Concept et Créa Concept

Photographies :
Alain Sèbe et Christian Creutz (France)

Renseignements / Lieu


( 2003-04-30 00:00:00 > 2003-10-12 00:00:00 )
Jardin des Plantes Galerie de Géologie-Minéralogie 18 rue Buffon
Paris ( 75005 )
France




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