La ville de Podor, installée sur la rive sud du fleuve Sénégal, face à la Mauritanie, fut, du XIXe siècle jusqu'aux années 40, un florissant comptoir de commerce de l'ambre et de la gomme arabique.
Dans la rue centrale, à l'angle, face au marché et jouxtant l'échoppe du vétérinaire, l'enseigne Kodak signale le studio du photographe.
Deux larges battants de porte, tenus de chaque côté par une pierre, laissent entrevoir à l'intérieur de ce studio un banc et une vitrine grillagée où sont épinglées de vieilles photos en noir et blanc ; aux murs, on peut distinguer de vieux posters publicitaires, ainsi qu'une affiche du président Wade. Oumar Ly, photographe et maître des lieux, se tient assis dans l'ombre du renfoncement, à gauche en entrant. […]
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Sur le quai de Podor, les anciens comptoirs sont en ruine, excepté la maison Guillaume Foy, aujourd'hui reconvertie en maison d'hôte. En 2006, le fort Faidherbe a été transformé en musée. Rares en sont les visiteurs, sauf deux fois par mois, quand le Bou El Mogdah, un ancien bateau des Messageries du Sénégal, accoste avec ses touristes.
Battants ouverts sur la latérite recouverte du sable blond qu'apporte l'harmattan venu de la Mauritanie, le studio semble déserté. Ce matin, un client est venu rechercher la photo d'un ancêtre. Ly s'est alors enfermé dans la pénombre de la petite pièce qui lui sert de laboratoire pour tirer le cliché. C'est ici qu'est entreposé son trésor, mal protégé par le toit de tôle ondulée : l'humidité, à l'hivernage, ronge les murs et la température avoisine les 45 degrés. Le photographe, faute de ne savoir ni lire ni écrire, n'a procédé à aucun archivage. Aujourd'hui, seule la mémoire de monsieur Ly, mise en images, nous révèle l'histoire unique du petit peuple de Podor et de ses environs.
vernissage le jeudi 16 janvier 2020, de 18h à 21h
galerie ouverte du mardi au samedi, de 14h à 18h, et sur rendez-vous