Femi Kuti
Calquer note pour note la musique de son père n'a jamais été l'idéal musical de Femi Kuti. S'il accompagnait parfois les musiciens de Fela dans sa jeunesse, il décida très tôt, dés 1986, de s'émanciper pour bâtir son propre orchestre.
En respectant toujours son héritage familial, Femi affine depuis vingt ans un afrobeat dont les nuances soul-jazz n'appartiennent qu'à lui. Son parcours est plutôt original, de sa signature chez Motown dans les années 90, jusqu'à l'excellent album "Fight To Win" en 2001 par exemple, où il se frotta au rap de Mos Def, de Common, et au funk de James Poyser (The Roots), parmi d'autres stars américaines.
Ces riches expériences n'ont fait que renforcer son ultime conviction : sa musique n'est jamais aussi intense que lorsqu'elle naît dans le chaudron nigérian, et qu'elle macère longuement dans l'atmosphère bouillante du Shrine, sa salle de concert à Lagos.
L'afrobeat de la famille Kuti est aussi, avant tout, une musique de combat. En immortalisant un "live" en 2004 ("Live At The Shrine" chez MK2/ Uwe), Femi souhaitait de façon brute et crue exhiber cette réalité aux yeux du monde. Trois ans plus tard, son cinquième album relève un nouveau défi, en parvenant à recréer en studio l'énergie foudroyante de ses concerts.
Trois titres du "live" ont d'ailleurs été réinterprétés pour l'occasion. Disons-le simplement : Il s'agit peut-être ici de la meilleure pièce de la discographie de Femi Kuti. Ces quatorze titres offrent un afrobeat plus singulier que jamais, enregistré avec son producteur Sodi, fort d'une complicité qui se renforce depuis quinze ans. "Day By Day", c'est le Nigéria dans tous ses états : On y trouve des canevas instrumentaux élaborés et déroutants, tant dans leur texture que dans leur structure, des refrains aussi soulfull que les bons vieux tubes de Curtis Mayfield ("Eh Oh"), et des brûlots imparables pour enflammer les dancefloors.
Son groupe, le Positive Force Band, en a jeté les fondations à Lagos puis, au fil des visites opportunes pendant les sessions parisiennes, d'autres artistes apportèrent leurs pierres à l'édifice. Les chanteuses Julia Sarr et Camille se chargent des chœurs sur le titre "Day by Day", Keziah Jones fait swinguer sa guitare sur "Tell Me" et "Dem Funny", et Sebastien Martel illumine le reste du disque.
www.myspace.com/femikuti
vendredi 9 avril 21h, de 13 à 15 euros