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Le monde connaît mal le Maloya, bien que le groupe Gramoun Lélé, sorti sous le même label, fasse des étincelles. Pourtant... c'est bien le passé esclavagiste de la France dans l'Océan Indien qui donne sa force à ce rythme qui aime à remonter le cours de l'histoire jusqu'aux cérémonies secrètes des ancêtres noirs emmenés de force sur l'île et dépossédés de leur culture d'origine. Des cérémonies qui ont su traverser le temps par bouts entiers et qui se sont lentement reconstituées, en se renouvelant dans les kabaré, sorte de culte dédié aux ancêtres. Des rites secrets qui se déroulaient en deux temps : médecine mystique des guérisseurs et danse. Avec le Maloya : gros tambour rouleur, kayamb, bobre... Un phénomène qui n'était pas très bien vu par l'autorité coloniale française, qui l'interdira en 46. Avant que le parti communiste ne vienne prendre position pour sa reconnaissance dans les années soixante, en enregistrant le premier album de ce vieux Firmin, que les Réunionnais citent tous comme étant l'un des premiers défenseurs de l'identité culturelle de cette île. Sans lui, le Maloya authentique serait mort, dit-on. Danyel Waro le cite volontiers comme un père spirituel. Toujours est-il qu'il a continué, aujourd'hui encore, malgré le peu d'enregistrements qui ont suivi son premier vinyl, à célébrer l'esprit des esclaves coupeurs de cannes d'hier, en racontant sur ce rythme envoûtant en créole pays des complaintes de pays perdu, de liberté soumise, d'amours interminables... Et dans sa propre cour où il invite régulièrement ses camarades à renouer avec le passé pour mieux savoir où ils vont dans une nouvelle forme de réunion festive, qu'ils surnomment désormais là-bas kabars.