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L'heure est enfin venue de la redécouverte et de la renaissance pour les grands pionniers de la musique urbaine congolaise...du moins pour ceux qui ont survécu, car hélas la guerre et la maladie (palu autant que sida) ont fait de ces extraordinaires pépinières jumelles que furent Brazza et Kin dans les années 1950-80 un silencieux cimetière... Né le 25 décembre 1940 à Léopoldville, Antoine Nedule Montswet dit "Papa Noël" est l'un des plus gracieux guitaristes de l'age d'or de la "rumba". A l'origine de son style, il y a celui de Django Reinhardt, dont on oublie souvent qu'il était né en Belgique, comme Papa Noël si l'on peut dire puisque ce dernier a grandi dans la capitale coloniale encore nommée d'après le nom du sinistre Roi qui non content de soumettre le Congo à un régime esclavagiste, chassa les "Manouches", les Tsiganes de son pays... Papa Noêl a découvert Django à travers l'un de ses meilleurs disciples, le guitariste bruxellois Bill Alexandre, installé à Léo dans les années 1950. Devenu le principal rival de Franco et de Docteur Nico, Papa Noël a préféré traverser le fleuve pour devenir le soliste-vedette des Bantous de la Capitale, le plus célèbre orchestre de Brazzaville. avant de retourner à Kinshasa, d'y fonder son propre groupe "Bamboula", puis de remplacer Dr Nico dans l'OK-Jazz de Franco. Ce petit résumé de sa carrière vous donnera envie de lire le livret de la superbe anthologie "Bel Ami", si toutefois vous parlez l'anglais, langue que ne lit pas Papa Noël... Les deux autres Cds s'adressent avant tout aux amateurs de guitare, mais intéresseront aussi tous ceux qui comme moi se passionnent pour les "aller-retour" musicaux entre l'Afrique et ce qu'il est un peu réducteur de baptiser "la diaspora cubaine"... Le duo avec le jeune guitariste Adan Pedroso, enregistré en concert devant un public somnolent, est très peu dansable et assez vite ennuyeux. En revanche la rencontre avec Papi Oviedo, merveilleux joueur de "tres" (luth à trois couples de cordes) est totalement jouissive. Les voix congolaises et cubaines y font un vrai mariage d'amour, l'orchestre est cubain et donc forcément magnifique, pardonnez ce pléonasme - on sent que tous s'amusent comme des fous. Sauf quand il chante, Papa Noël, on le comprend, semble un peu dépassé par l'évènement, car c'en est un, et pour tout dire historique : la première réunion réussie entre deux musiques cousines et éloignées qui portent le même nom... Ne manquez surtout pas d'écouter le premier cd des deux rumbas rassemblées ! (G.A.)