Reporters sans frontières condamne avec force la tentative d'assassinat dont a été victime Abdikheyr Mohammed Jama, animateur et technicien de la station communautaire Radio Galkayo, le 10 janvier 2008 dans la soirée.
"Si rien n'est fait par les autorités du Puntland pour identifier et punir les auteurs de ce lâche attentat, la vie des journalistes de la région deviendra un instrument de chantage. Le gouvernement doit arrêter cet engrenage infernal, dire haut et fort qui perpétue ces crimes et en sanctionner les responsables", a déclaré l'organisation.
Quatre individus armés ont ouvert le feu sur Abdikheyr Mohammed Jama, dans la soirée du 10 janvier, à Galkayo, dans la province du Puntland (Nord), le touchant notamment à la bouche, selon l'organisation partenaire de Reporters sans frontières en Somalie, l'Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ). Le journaliste a été transporté à l'hôpital, où il se trouve dans un état critique, selon la même source.
Cette tentative d'assassinat survient dans un contexte de tension croissante entre des milices à Bossasso et Galkayo. Des affrontements ont éclaté le 9 janvier entre divers groupes armés fidèles à des clans de la région. Selon Omar Faruk Osman, secrétaire général de la NUSOJ, cette tentative d'assassinat pourrait être "une façon pour une milice clanique locale de règler des comptes avec le président du Puntland en le discréditant".
Huit journalistes ont été tués en 2007 en Somalie, faisant du pays le territoire le plus meurtrier d'Afrique pour les journalistes. Au Puntland, fin décembre 2007, un cameraman indépendant français, Gwen Le Gouil avait été retenu pendant huit jours par une milice locale qui l'avait kidnappé, alors qu'il enquêtait sur le trafic d'immigrants de la région côtière qui fait face au Yémen, utilisée pour l'embarquement d'armes et de clandestins à destination des pays du Golfe. Idle Moallim, journaliste free-lance travaillant parfois avec le site Somaliweyn, a pour sa part été arrêté à Bossasso par les forces de police de la région semi-autonome le 5 janvier 2008. Il lui est reproché d'avoir, lui aussi, couvert le trafic de clandestins. Il est toujours détenu au commissariat central de Bossasso.