Reporters sans frontières demande la libération de Mohamed Nema Oumar, directeur de publication de l'hebdomadaire privé arabophone Al-Houriya, arrêté le 12 juin 2008 à son retour d'un voyage présidentiel en Libye qu'il couvrait pour son journal.
"Une fois de plus, un journaliste est incarcéré en Mauritanie à cause d'une loi mal faite ou mal interprétée. L'emprisonnement ne sert en rien la cause qu'il est censé défendre, c'est-à-dire la réparation d'une injure, d'une atteinte à l'honneur ou à la réputation. Mohamed Nema Oumar doit être remis en liberté au plus vite et les magistrats mauritaniens doivent entendre que l'incarcération n'est pas une réponse satisfaisante au délit prétendument commis, d'autant qu'il existe un organe de régulation des médias compétent", a déclaré l'organisation.
Mohamed Nema Oumar a été arrêté le 12 juin 2008 dans l'après-midi à la sortie du salon d'honneur de l'aéroport international de Nouakchott, alors qu'il revenait d'un voyage officiel du président mauritanien en Libye, pour lequel il était accrédité. Trois policiers en civil munis d'un mandat d'arrêt l'ont conduit au commissariat de Tevragh Zeina dans un véhicule banalisé. Le Rassemblement de la presse mauritanienne (RPM), une organisation locale représentant les indépendants, a appelé à un sit-in devant le lieu de sa détention.
Le journaliste a été arrêté suite à une plainte pour "injure" et "calomnie" portée par Mohcen Ould El Hadj, sénateur de Rosso (Sud) et vice-président du Sénat, après la publication d'un article évoquant en termes très critiques sa participation à des festivités commémoratives de la naissance de l'Etat d'Israël, reconnu par la Mauritanie.
Dans un premier temps, l'affaire avait été classée par le vice-procureur de la République, après que le plaignant ne s'était pas présenté à une convocation. Le 9 juin, le procureur a pourtant ordonné la mise en détention préventive du journaliste et a maintenu les poursuites contre lui. Le procureur n'a pas souhaité répondre aux questions de Reporters sans frontières. Interrogée par Reporters sans frontières, une source de la présidence mauritanienne lui a déclaré qu'il s'agissait d'une affaire "sans fondement politique" et affirmé qu'elle avait "tout fait pour empêcher l'incarcération du journaliste", mais qu'il s'agissait d'un "problème judiciaire".
La loi mauritanienne ne permet la mise en détention préventive que s'il existe un risque pour que l'accusé se soustraie à la justice.