Reporters sans frontières déplore profondément le rejet par la Cour de cassation, le 15 mai 2008, du pourvoi formé par Moussa Kaka, directeur de la station privée Radio Saraounia, correspondant au Niger de Radio France Internationale (RFI) et Reporters sans frontières, renvoyant l'affaire à son point de départ. L'organisation réitère sa demande de libération de son correspondant.
"Moussa Kaka va entamer son huitième mois de détention, à cause d'écoutes téléphoniques réalisées dans des conditions obscures et qui ne prouvent rien, sinon que le journaliste était sous surveillance. Cet arrêt de la plus haute juridiction nigérienne est une déception immense pour tous ceux qui son attachés, non seulement à la présomption d'innocence, mais surtout à l'équité de la justice. Nous exhortons les autorités nigériennes à ne pas chercher à renvoyer Moussa Kaka devant un tribunal pour faire de son procès un triste spectacle aux conclusions connues d'avance", a déclaré l'organisation.
La Cour de cassation du Niger a rejeté, le 15 mai 2008, le pourvoi formé par Moussa Kaka et ses avocats, demandant l'invalidation des écoutes téléphoniques servant à l'accuser de "complicité d'atteinte à l'autorité de l'Etat" et la remise en liberté provisoire du journaliste. La plus haute juridiction nigérienne estime que les écoutes téléphoniques, réalisées sans mandat judiciaire et par un service non identifié, sont légales et doivent être réintégrées dans le dossier d'accusation.
Moussa Kaka devra par conséquent comparaître devant le doyen des juges d'instruction et être interrogé sur le contenu de ces écoutes. Aucun délai n'a été donné pour la reprise de l'instruction. Le journaliste, arrêté le 20 septembre 2007, est détenu depuis près de sept mois à la prison civile de Niamey.
Ces écoutes sont des enregistrements de conversations téléphoniques entre Moussa Kaka et Aghali Alambo, chef de la rébellion touarègue du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ). Les autorités, qui refusent de reconnaître tout caractère politique au MNJ et qualifient ses membres de "bandits armés", estimaient que les deux hommes avaient fait preuve de "connivence". Une interprétation que réfutent les défenseurs de Moussa Kaka, sur la base de l'examen de ces conversations, estimant que ce sont des échanges professionnels entre un journaliste et sa source.