Hachimiya Ahamada, diasporienne des Comores et Française issue de l'immigration comorienne, embrasse ses deux cultures, tout en recherchant une identité qu'elle ne connaît que par les récits de ses parents et par les images reçues. C'est à travers le cinéma, avec sa caméra, qu'elle retrouve ses racines comoriennes.
Hachimiya, vous êtes née et vous avez grandi en France, faisant partie de la diaspora comorienne avec des racines bien ancrées aux Comores. En tant que comorienne de la diaspora en France, quelle est votre relation avec les Comores?
Je suis née à Dunkerque où la diaspora comorienne y est très présente. On dit parfois que c'est la 3è ville comorienne de France (après Marseille et Paris ou le Havre- les premières migrations venant des ouvriers marins). C'est une grande communauté qui reste pour le moins très discrète dans la ville.
Je suis partie pour la première fois aux Comores à l'âge adulte. Un peu tard pour connaître sa famille et ses origines. Avant cela, depuis mon enfance dunkerquoise, les Comores restaient un pays imaginaire et je le devinais à travers les yeux de mes parents. Je découvrais l'archipel également sous forme d'images d'Epinal: des timbres postaux, des cassettes vidéo, des photos, des posters touristiques, des tableaux naïfs…
Mon père travaillait comme manutentionnaire dans une usine de métallurgie. Son rêve était de construire une maison pour la famille dans son village natal (Ouellah Itsandra- Grande Comore). Toute son économie était pour concrétiser cela. Tant que la maison n'était pas finie, on ne partait pas aux Comores. Voilà pourquoi on a mis du temps à partir même si la maison est à ce jour pas tout à fait terminée.
Je me définis comme une enfant de la diaspora comorienne qui a la richesse de posséder deux cultures (de naissance et d'origine). Par le biais du cinéma, j'essaie de comprendre mes racines comoriennes. Je souhaite filmer les Comores avec des sujets qui soient différents du folklore, des grands mariages, des traditions, de Bob Denard…montrer les Comores autrement que par les idées reçues.
Quelles ont été vos expériences avec le cinéma en grandissant et comment êtes-vous arrivée au cinéma?
À l'adolescence, je passais presque tous mes mercredis et mes samedis après-midi dans un atelier vidéo qui s'intitulait "l'Ecole de la Rue" au sein d'une MJC (Maison des jeunes et de la culture) à Dunkerque. C'est là que furent mes premiers pas en cinéma. Avec mes amis, on échangeait autour de nos premiers essais filmés et également autour d'œuvres cinématographiques. On forgeait notre regard à travers des films exigeants. Il y avait une telle alchimie dans notre groupe qu'aujourd'hui beaucoup d'entre nous avons un métier qui touche au cinéma (projectionniste, producteur, réalisateurs, coordinateur dans la diffusion auprès des écoles…). ‘L'Ecole de la rue' était nôtre âge d'or : on vivait notre adolescence à travers les images!
À l'époque, il y avait également ‘Les Rencontres Internationales Cinématographiques de Dunkerque' (qui n'existe plus aujourd'hui). Les réalisateurs confirmés croisés lors de ce festival, nous avaient incités à poursuivre le désir de réaliser. Je n'osais pas trop passer le cap, je ne m'en sentais pas capable même si j'en rêvais. C'est avec l'impulsion de mes amis que j'ai osé passer un concours d'entrée dans une école de cinéma. J'ai fait la formation de Réalisation à l'Insas (Institut National Supérieur des Arts du Spectacle et de la Diffusion) à Bruxelles. J'ai eu mon diplôme en 2004. Quatre ans plus tard, j'ai réalisé mon premier court-métrage de fiction La résidence Ylang Ylang sur l'île de la Grande Comore. À ma grande surprise, ce film a été diffusé à la Semaine Internationale de la Critique à Cannes en 2008.
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