Né en 1940 à Sétif, après un stage à la télévision yougoslave de Belgrade, puis à l'Idhec à Paris pendant huit mois, il intègre le groupe audiovisuel FLN à Tunis où il retrouve notamment Mohamed Lakhdar-Hamina.
De 1963 à 1966, il étudie à l'École nationale de cinéma, de théâtre et de télévision de Lodz, en Pologne. De retour à Alger, il se distingue cette année-là avec Elles, portrait documentaire puissant qui donne la parole à des collégiennes et lycéennes sur leurs difficultés et leurs attentes. En 1996, Ahmed Lallem en retrouve quatre. Femmes algériennes 30 ans plus tard confronte les aspirations et les espoirs d'hier aux déceptions d'aujourd'hui.
Entre ces deux films et outre une quinzaine de sujets entre reportage et documentaire, il signe notamment Zone Interdite (Al-Faiza, 1974) et Barrières (Al-Hawajiz, 1977). Le premier observe le ferment de la révolte et l'apparition des premiers militants nationalistes dans un village algérien à la veille de la guerre d'indépendance, tandis que, au moment de l'extinction de la grande propriété foncière et sous la pression des mouvements sociaux, le second décrit la désintégration de la famille du féodal Hadj Mokhtar.
Dans son Dictionnaire des nouveaux cinémas arabes (Sindbad, 1978), Claude Michel Cluny le décrit comme "le plus intellectuel sans doute d'Algérie dans sa démarche, mais aussi le plus original, le plus inventif, techniquement et plastiquement de sa génération".
Soucieux de rester un témoin assidu et lucide des bouleversements de l'Algérie, il a tourné de nombreuses images, dont celles d'une belle et combative Nabila Djahnine à Tizi Ouzou, dans Lettre à ma soeur d'Habiba Djahnine. De cette période, Jeunes d'Alger enété (1993) s'attache à capter la parole des jeunes des quartiers populaires sur leur quotidien, leurs préoccupations, leurs représentations du mariage et de la femme. À partir d'images d'archives et d'actualités, Kabylie, pays des Amazighs (1999) dresse à sa manière un portrait de la revendication culturelle amazighe (berbère) en Algérie.
Fin observateur des mutations de son temps, Ahmed Lallem signera China Yellow, China Blue en 1997, une vaste fresque riche de documents d'archives exceptionnels et inédits sur la Chine, de l'impératrice Ts'eu-hi à Deng Xiaoping.
Ironique et caustique, travailleur discret, l'artiste s'est éteint à l'âge de 69 ans. Pour son intuition remarquable et ses qualités documentaires, la force de son immersion et le discours clair et sûr de ses interlocuteurs, pour n'avoir été que rarement montré et, pour A notre connaissance, jamais diffusée sur le petit écran.
Au milieu des années 1990, sous la pression des islamistes, le cinéaste quitte l'Algérie pour la France où il tente de continuer à faire des films. Un temps établi à Paris, malade depuis cette époque, il se retire ensuite à Tours. Ahmed Lallem est décédé le 19 octobre 2009 à l'hôpital de Tours.
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