Avec la publication de ses Treize nouvelles vaudou (dernier recueil en date), il demeure sans conteste que Gary Victor est l'écrivain haïtien qui maîtrise le mieux ce genre littéraire. D'autres écrivains avant lui, entre autres, Jean-Baptiste Cinéas, Fernand Hibbert, Justin Chrysostome Dorsainvil ou ses contemporains (Syto Cavé, Kettly Mars, Yannick Lahens) ont essayé mais n'ont pas osé dire avec autant de subtilité (finesse) le drame haïtien.
De Sonson Pipirit à Albert Buron - personnages types qu'il a inventés - "des Nouvelles interdites au Sorcier qui n'aimait pas la neige", des "Nouvelles radiophoniques aux 13 nouvelles vaudou", Gary Victor innove toujours. D'une écriture compliquée, il est passé à une autre, plus simple, plus fluide. Avec des phrases simples (moins longues). Des histoires les unes plus intéressantes que les autres. Toujours avec le même talent de grand conteur qu'on lui connaît.
Gary Victor, le Maupassant haïtien
N'en déplaise aux autres écrivains de sa génération, Gary Victor est, sans conteste, le Maupassant haïtien. Le maître à penser de la fiction brève en Haïti. Ses nouvelles mettent, en grande partie, en scène -pour ne pas dire toutes- la laideur et la bêtise haïtiennes. Si pour Pierre Maxwell Bellefleur, le passé et l'histoire constituaient les grands thèmes de la nouvelle des années 1980 et 1990, Gary Victor divorce d'avec cette pratique. C'est le présent ou encore l'actualité qui y domine. Ses nouvelles évoquent le drame haïtien parce qu'elles s'insèrent dans son vécu. Tous les sujets sont abordés : la politique, la morale, l'économie, le social, la religion.
En effet, toutes les tares du système social haïtien passent sous sa plume. L'hypocrisie, le mensonge, la corruption, les impostures, la haine, sont entres autres autant de vieilles pratiques qu'il dénonce. Il demeure toutefois que la politique et le social sont les sujets de prédilection de cet auteur le plus lu et le plus connu du pays.
Les Treize nouvelles vaudou s'inscrivent dans cette logique de dénonciation de ces haïti- âneries. L'auteur critique en même temps qu'il propose des modèles. A la manière de Justin Lhérisson, s'il dénonce et ironise, c'est pour mieux corriger la société - le récit étant un pré-texte.
Gary Victor marche sur les traces de Fernand Hibbert, romancier, dramaturge et nouvelliste du mouvement de la Ronde. Son recueil ‘‘Masques et visages'' se veut être une description ou une présentation des travers de la société de son époque prise dans son ensemble. Comme ce fut le cas de ses romans. Les nouvelles de Gary Victor s'inscrivent dans ce même registre. Avec une écriture plus exigeante et plus soutenue. De tous les auteurs haïtiens de la nouvelle, il est le plus proche du quotidien. ‘‘Peut-être qu'ils ne font pas le même travail ou le même métier'', pour reprendre un peu les propos de Catherine Sauvage exprimant son point de vue au sujet d'une chanteuse en vogue dans le courant des années 1970.
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Lire l'intégralité de l'article de Dieulermesson Petit-Frère publié sur le Portail du Réseau alternatif haïtien d'information (en lien).