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Le cadavre d'un lépreux avec le corps découpé en morceaux et ses petites parties sexuelles enfoncées dans la bouche. C'est le spectacle qui s'offre à cet instant d'aurore aux passants de la rue Félix-Faure, Dakar. La rue Félix-Faure n'est pas n'importe quelle rue. La rue Félix-Faure est la rue du violon, le violon des immigrés capverdiens qui peuplent cette rue unique ; les hommes jouent du violon et sont apprentis-philosophes – sauf un, le Philosophe -, les filles sont belles à la peau couleur de miel. Il y a deux gros policiers qui regardent ceci sans comprendre, et quatre formes drapées qui s'estompent. Ce n'est pas un roman policier mais le roman d'une rue, de sa musique, de ses habitants et de sa spiritualité. Ken Bugul, qui vit au Bénin, traduite dans une dizaine de pays, est sans doute l'écrivaine en Afrique dont le travail sur le style, sur l'écriture, est le plus extrême et le plus passionnant. "Rue Félix-Faure" est son sixième roman.