Comme souvent chez les "secondes générations" d'un exil rural, les langues de la ville et de l'école (fortes de leurs pouvoirs) semblent avoir "spectralisé" chez lui la langue de son ascendance. Sa propre migration ensuite, dans les années 1970, en France, n'a fait que redoubler cet écho, et l'interrogation qui allait avec : "dans quelle langue parler le silence de La langue ?"Dans la sorte de "fable" qu'il propose ici, au lieu cependant de sombrer dans la nostalgie crépusculaire du nom de ce silence (le "Couchant"), cette question relance le défi d'une relation vivante entre les langues : leur entremêlement dans une "hospitalité" reconnaissante. Or, si cette "hospitalité" dont on sait combien elle pose souvent problème dans nos Sociétés est l'objet central des études que propose la revue Écarts d'identités que l'écrivain dirige à Grenoble depuis 1992, elle est ici le prétexte de cette "fable", dans laquelle langue et désir dansent un ballet surprenant par lequel la relation, souvent approchée avec cette lourdeur nécessaire cependant à l'analyse, entre soudain dans la légèreté et la grâce.
Charles Bonn
Présentation des Éditions À plus d'un titre