Nous sommes au cœur des années 1990 au Mali. La fièvre de la démocratie toute nouvelle saisit le pays. La soif de liberté s'empare de toutes les couches sociales. Chacun s'accapare le mérite de la chute de la dictature militaire (qui dura 23 ans), s'érige en héros d'une démocratie souvent mal interprétée, et trempe dans des intrigues en tout genre pour profiter au maximum des nouvelles occasions qu'offre le changement. L'ancien sbire ou collaborateur du général dictateur se meut en démocrate convaincu, l'enseignant délaisse la craie au profit de la tribune de harangue, le paysan affiche le poster de campagne électorale sur le socle de la charrue, le musicien troque la scène du concert contre celle du meeting, le religieux prêche le bien-fondé de l'acte citoyen du vote... Et la jeunesse, tantôt laissée à elle-même, tantôt instrumentalisée par les politiques, patauge dans la confusion générale tout en cherchant sa voie. L'AEEM (Association des élèves et étudiants du Mali) mène alors la vie dure aux autorités scolaires, entendant bien jouir de son prestige de véritable catalyseur de la révolution. Dans un petit lycée perdu dans l'ouest du Mali, un professeur commet la maladresse de convoquer ses élèves à un cours, un 1er Mai. Son geste révèlera que le temps du diktat est révolu sous toutes ses formes.