"L'écrivain nomade, à la différence du missionnaire religieux, n'a aucun message à livrer ou à délivrer. Il donne à voir et à entendre des histoires qui pourraient faire tilt dans les yeux d'un jeune qui se demande pourquoi il appartient à ce continent, pourquoi son avenir n'est pas radieux, pourquoi il doit, malgré tout, s'accrocher à la vie, perdre l'espoir une seconde pour mieux retrouver des étincelles auxquelles rêver pour continuer à vivre. Aider à produire ces étincelles. Provoquer ces sourires en coin. Donner de grands rêves à vivre à quelques-uns, de visage à visage. Voilà le sens d'une rencontre entre un écrivain et un public de jeunes, sur ce continent. Notre place est ici. Dans ces interstices. Dans ces marges brouillées où prennent place la peur et l'angoisse quand il n'y a plus de repères et que les valeurs ne sont plus ce qu'elles étaient. En cela l'écrivain est aussi différent de la vedette qui draine des foules, fait le show puis disparaît sous le clinquant des apparences et des lumières -choc au moment où chacun, en secret, souhaite que le spectacle ne prenne pas fin."