Deuxième génération d'une dynastie qui règne sur le Togo depuis 1967, Faure Gnassingbé a pris la succession de son père, Gnassingbé Eyadéma, dans des conditions contraires à la Constitution. "Elu" en 2005 et "réélu" en 2010, au terme d'élections manquant de sincérité, il n'a toujours pas réussi à mettre en oeuvre une politique de rupture. Et pourtant, à l'entame de son règne, il avait dit être porteur de différences : "Lui [mon père] c'est lui, moi c'est moi". Depuis, les réformes dont le Togo a besoin pour connaître là stabilité et la relance sont gelées. Les efforts du régime pour changer le pays restent insuffisants et sont endigués par la culture de la conservation du pouvoir. La création d'UNIR, le nouveau parti politique de Faure Gnassingbé, sur les cendres du RPT, apparaît moins comme la volonté de rupture que comme celle de rempiler en 2015. Pourquoi et comment un jeune chef d'Etat instruit, que tout prédestinait à être réformiste, moderne et acquis aux valeurs de la démocratie, peut-il s'accommoder d'un système politique aux moeurs décriées ? Pourquoi accepte-t-il de composer avec les tares du régime installé par feu son père ? Enfin, pourquoi Faure Gnassingbé refuse-t-il de réformer et moderniser le système et la pratique politiques ? Cet essai tente de répondre à ces questions, en mettant en lumière la vocation conservatrice du régime, à travers son idéologie et ses actes.