Le rapport au monde, la solitude et la révolte, les singularités dans l'œuvre de Koltès touchent Moïse Touré au cœur de son théâtre qu'il porte, avec ses jeux de miroirs, par les cinq continents. Tabataba, pièce de jeunesse de Koltès, nous parle de transmission, de ce territoire si fragile qu'est celui de l'enfance et que l'on a du mal à quitter. À n'en pas douter, c'est encore un moment de théâtre tendre et intime que nous offre le metteur en scène associé à la Scène nationale.

Dans une cour intérieure, un frère discute avec sa sœur aînée, tout en continuant de bichonner sa Harley, ils parlent de la vie… Elle, Maïmouna, lui reproche de s'occuper de sa moto plutôt que de courir les filles comme le font tous les garçons de sa génération. Lui, Abou, lui renvoie la balle, pourquoi est-elle encore là à jouer les grandes sœurs alors qu'elle est en âge d'être femme et même mère ? Petites disputes et grandes questions, comment devenir adulte sans perdre ses rêves d'enfant ? D'ailleurs, y a-t-il vraiment de bonnes raisons de franchir le pas ? Dans l'incertitude, le frère et la sœur choisiront de continuer à briquer leur Harley, comme on entretient avec soin sa part de rêve et de liberté. Dans le cadre d'un projet autour de Koltès, Moïse Touré construit un véritable itinéraire entre la France et l'Afrique dont le tracé fera escale, des cours de collèges aux scènes internationales, afin de réinventer sans cesse le rapport au public.