Création de la compagnie Karry Kamal Karry
(à partir d'un texte de Michel Simonot et de l'opéra de Michèle Reverdy "Médée")
Création 2006
S pour M : Médée sans le refuge du signe
Karry Kamal Karry continue, en parallèle à ses propres créations, de répondre aux défis des commandes. Il propose ainsi un très audacieux projet de mise en scène d'un texte de Michel Simonot. Ce texte traite du personnage de Médée, mais une Médée hors-champ, une Médée qui aurait quitté la sphère de la représentation. Il est donc tout particulièrement intéressant dans la mesure où la figure mythique s'efface : ne doit demeurer que l'essence de ce qui fait la femme.
Avant-propos, deux hommes pour une femme absente
Ne pas être Médée : être condamné à jouer Médée. Ne posséder que les mots pour, chaque soir, commettre le crime. Et si les meurtres étaient commis par les mots ? Si la langue était plus forte que le tranchant de l'acier ? Si le pouvoir de l'actrice était de manier les mots, jusque hors de la scène, précisément hors de la scène, après le spectacle, pour, enfin, le commettre, ce crime, enfin seule, ici, enfin maître de sa parole, hors du regard des spectateurs ?
Michel Simonot
La société, le déterminisme lié à la naissance, à la géographie ou à la classe sociale n'expliquent pas la totalité d'une personne. On ne peut s'appuyer sur ces seules données pour observer toute la vie, la pensée, les sentiments, les désirs d'un homme ou d'une femme. Une fatalité plus haute et obscure semble tracer ses propres chemins, mener à l'abîme, à la catastrophe, à la mort et plus rarement à la félicité et au bonheur éternel.
Karry Kamal Karry
"Je veux que le spectateur se retourne
sur le silence qui retient le texte.
Moment qui enferme tous les possibles.
Chaque mot est le risque de l'achèvement définitif du texte."
Michel Simonot,
Une suite pour Médée.
Si le mot est ce qui déchire le silence, surgit, intervient après avoir livré la bataille d'un sens singulier qui surmonterait le cadre du signifiant…
S pour M…
"Monologue pour deux être corps"
Conception, chorégraphie et mise en scène : Karry Kamal Karry
Texte : MICHEL SIMONOT
Musique : Michèle Reverdy (à partir de son opéra contemporain de Médée)
Voix parlée : Claire Mathaut
Voix chantée : Béatrice Di Carlo
Mixage, spatialisation & multi-diffusion : Olivier Sens
Costumes : Elénore Pelletier
Scénographie & Lumière : Karry Kamal Karry
Régie générale : Xavier Guille
Durée : 45 min
Production : Compagnie Karry Kamal Karry (association Atomon)
Co-production : Espace Khiasma, Zico house, A & A Production.
C'est à la suite d'une commande de Michel Simonot et Nadia DJERAH, (comédienne, metteur en scène) que KARRY KAMAL KARRY danseur, chorégraphe et metteur en scène, crée "Une scène pour Médée, suite 3, sur un texte de Michel SIMONOT au théâtre de Confluences à Paris en Mars 2003. C'est dans cette optique qu'il désire reprendre ce projet avec la comédienne Claire Mathaut et la chanteuse Béatrice Di Carlo, pour développer son exploration de la matière textuelle, en partant de l'être corps.
Dans cette mise en scène, il développe une démarche radicale, de déconstruction du texte, destruction, disparition du sens et de la langue. Une écriture de discontinuité du sens, voire une déformation du sens premier. Recherchant la parole d'avant la parole. La naissance du son d'avant le son, le son d'avant le mot, le mot d'avant la phrase par un retour à la page blanche.
Il investit une mise en correspondance avec la matière sonore que représente le texte : En partant du vide, immobilité, silence, sonorités et rythmes qui ponctuent et altèrent le sens de la matière, la voix et l'interprétation. Un retour à l'origine de l'être. Une mise en corps des mots dans un espace de l'entre deux.
Dans son processus, il ne cherche pas à amener Claire Mathaut dans une interprétation du personnage mythique de Médée, mais retient l'idée de la femme en tant qu'être corps, social et culturel dans sa position d'artiste. Et quelle scène pour elle, en tant que femme en France aujourd'hui ?
Dans son dispositif scénique, il pose la question de la représentation en plaçant le public au plus près, en le conduisant à porter un regard différent sur l'être corps qu'il interroge dans la durée et dans la conscience du rapport à chaque instant présent.
Il casse les codes habituels de la représentation et offre au spectateur un espace et un temps qui lui permettent de modifier sa perception de la représentation.
Comment susciter chez le spectateur quelque chose de profondément mystérieux, insaisissable, et qui a à voir avec ce que l'humain a de plus inconscient, secret, dans son rapport à la mémoire de l'histoire oubliée ?
Démarche, recherche, mise en scène
Dans le rapport au texte, je développe une mise en scène radicale qui joue sur la déconstruction, voire la destruction et disparition du sens et de la langue. Je cherche à pénétrer dans une écriture de discontinuité du sens.
Rechercher la parole d'avant la parole. La naissance du son d'avant le son, le son d'avant le mot, le mot d'avant la phrase, par un retour à la page blanche, au silence et à l'immobilité. Un retour à l'origine de l'être. Une mise en corps, une mise à mots dans un espace de l'entre-deux.
Voilà pourquoi l'articulation qui doit s'opérer avec le spectateur et pour moi essentielle : si le travail est de percevoir en-deçà alors il faut que le spectateur accepte et comprenne cette suspension du sens.
1- Je place le projet dans le rapport au spectateur
2 – Je mets le spect-acteur face à la question de la représentation :
– De sa représentation du corps, du monde, du spectacle.
– De sa place, son positionnement, son écoute et son regard…
– Confrontation du pouvoir de représentation de l'histoire, de la réalité.
– Miroir de soi dans l'inconscient de l'objet en représentation.