Une pièce amenée par la Compagnie de l'Homme aux Semelles de Vent (Patrick Moreau) et la Troupe du Méridien (Grégory Alexander) permettant aux spectateurs de (re)découvrir l'oeuvre de ce chantre de la Négritude.
Dès l'entrée dans la salle, on l'aura vite compris, le spectacle a déjà commencé … Quelques notes sur un piano. Un homme accoudé à une table, un verre à la main et cette bouteille de Black Label "à boire pour ne pas changer".
En fond de scène à gauche, élevée sur plusieurs mètres, sous un trio de couleurs bois-terre qui s'épousent... une femme. Une mère. Ornée d'une couronne et vêtue d'une longue robe. La robe des origines. Le personnage intrigue. Ses accessoires interpellent. Et ce regard surplombant qui en silence observe toute chose, convoque notre imaginaire vers un ailleurs... Le pays natal.
Elle est l'exil et lui l'exilé. Elle l'accompagne et l'entraîne de ses mélodies envoûtantes. Et tous deux se moquent du souvenir de la mère et de cette enfance noyée dans un "hoquet", jusqu'à l'ivresse. Le rire et l'amusement s'étiolent rapidement, laissant place à un mal être et à une mélancolie. Il est là le déchirement du poète... entre ces deux terres.
Il a les mots, et pourtant la parole lui manque à l'enfance. On comprend mieux d'où lui vient son bégaiement.
Il a les mots, et pourtant, il se sent bien ridicule à son "retour de Guyane", debout sur les talents de l'exil.
C'est une interprétation forte de Damas que nous offre le comédien Grégory Alexander dans cet entre deux mondes qui s'opposent et tourmentent son être.
Deux mondes interprétés par les deux comédiennes, Régine Lapassion et Valérie Whittington, et qui par la force de leurs regards qui s'ignorent puis s'observent nous invitent dans une rivalité silencieuse pour le poète.
Un spectacle dans lequel musique, chant, danse et poésie partage la même scène.