Pour beaucoup, la compilation Kenya Special sortie en 2013 fut l'introduction au paysage sonore des années 70 et 80 dans ce pays. La promotion de la musique kenyane subit une altération depuis les années 80, étiquetée comme « world music » pour des raisons marketing et souvent réduite à ses genres les plus emblématiques et reconnaissables comme le benga et la rumba Swahili. Kenya Special fait plus ou moins l'opposé en mettant en lumière des chansons et des groupes qui ne peuvent pas être si aisément classifiés. La plupart des morceaux présents brisent les règles, mélangent les genres et empruntent aux musiques étrangères.
Alors que les campagnes des années 80 n'ont eu qu'un résultat modéré, au vu de leur objectif de faire découvrir cette musique à un public plus jeune, la vague de réédition plus récente a touché une ou deux générations en dessous de celle habituellement intéressée par cette musique. Cette redécouverte musicale s'appuie sur le boom de la collecte de vinyles (et dans une certaine mesure de la culture de clubs) qui taille sa propre niche aux côtés de l'industrie de la musique établie depuis une décennie et demie.
Malgré le regain d'intérêt pour la musique kenyane des années 70 et 80, trouver ces pistes et les détenteurs des droits n'est pas chose aisée. Seule une poignée d'archives musicales abritent des collections, en plus de quelques collectionneurs privés. L'autre problème avec la musique africaine de cette époque est qu'une grande partie de celle-ci a été exclusivement produite sur 45 tours, essentiellement pressés en petites quantités. Le format 45 tours avec sa pochette en papier plus mince que celle des LP est souvent plus sensibles aux éléments.
Aussi, les compilateurs de cette compilation Kenya Special 2 ont du fournir un effort considérable pour divulguer une partie du patrimoine culturel de l'Afrique du l'Est qui remonte petit à petit à la surface : l'histoire de la musique enregistrée populaire.